Le bloc-notes du Désordre |
samedi, septembre 21, 2002
![]() J'y suis presque, encore un petit effort, quelques corrections et vous
pourrez lire tout cela, non pas que je présume que vous y trouviez un
intérêt immodéré, mais c'est tout de même ce texte qui aura mobilisé
toutes mes énergies de la semaine: à toutes choses malheur est bon,
Madeleine consciente qu'elle n'obtiendrait que des miettes de mon
attention, sait désormais faire son grand puzzle des "trois petits
cochons" toute seul. Elle le fait, le redéfait ( elle a finalement compris
que ce n'était pas faire une injure irrémédiable à cette image, qu'elle
trouve très "jolie", selon ses propres mots, pour ma plus complète
exaspération, j'ai beau afficher des lithographies de mon ami
Ray Martin sur les murs de leur chambre pour vacciner mes enfants
contre l'imagerie totalitaire de Walt Disney, rien n'y fait, en matière de
puzzle Madeleine préférera toujours une image de Mickey à un vase de
fleurs peintes par Van Gogh, ma fille tu me fais honte ), puis le refait,
fait durer le plaisir, ne va pas trop vite, fait semblant d'hésiter,
Minuit et demie, Anne dort depuis longtemps, mais j'entends toujours les
chuchotements de satisfaction de Madeleine dans mon dos, mes enfants
m'épuisent. jeudi, septembre 19, 2002
mercredi, septembre 18, 2002
![]() Seau de cendre sur la tête, Maurice Papon est libéré. Des sentiments de
colère et leur manifestations adolescentes dont je ne me pensais plus
capable (je parle des manifestations, la colère j'en ai bien peur __
faut-il avoir peur d'aileurs? __ n'est pas un sentiment dont je saurai un
jour me libérer) comme de jeter mes espadrilles contre le téléviseur
abject me redonnent à voir une époque enfouie, tandis que je vivais
toujours à Chicago et que je pestais comparablement contre l'omniprésente
image du sourrire niais de Bush père très satisfait de ses petites actions
en Irak. Je me souviens en avoir eu assez de ces nausées à répétition et
d'avoir fini par descendre le téléviseur dans la rue avec une pancarte sur
laquelle on pouvait lire:"yes it works fine, yes you can have it
however there's only one image available on that screen: your fucking
president(1)". Le soir mon ancienne femme qui n'était pas encore mon
ancienne femme puisqu'à l'époque nous n'avions pas encore franchi les
étapes du divorce et du mariage dans cet ordre rétrospectif, ma future
ex-femme donc, échevelée et essoufflée d'avoir remonter, toute seule,
comme elle me le fit remarquer, notre bien, encore que je n'y voyais aucun
bien justement, me gratifia d'une de ses colères homériques, se plaignant,
en dehors du fait qu'elle ne comptait pas se passer de téléviseur, que si
elle s'écoutait c'est moi qu'elle débarquerait sur le bord du trottoir
avec la même pancarte ("yes it works fine, yes you can have it").
Bref. Je ne regarderai plus cette télévision aux heures cathodiques tant
que nous n'aurons pas changé dans ce pays de Premier Ministre et de
Ministre de l'Intérieur et tant que Bush sera là avec ces façons de
pétrolier mal raffiné. Ils sont mon trio de la nausée. mardi, septembre 17, 2002
![]() Cliquer ici pour accèder aux copies d'écran qui illustrent mon propos ( écran 1, écran2, écran 3 ) Ecrire à propos des blogs (dans le cadre du colloque de Rennes à propos
des "écritures en ligne" auquel m'invite L.L. de Mars à témoigner de ce
qu'est la pratique du blog) revient à chroniquer sur les chroniques,
prendre une photographie d'une photographie ou encore tenter de définir le
langage par le langage (comment le pourrions nous autrement?), en soi
c'est se servir d'outils pour se fabriquer de nouveaux outils. Et on se
prend rapidement les pieds dans le tapis à ce petit jeu. Comparablement
j'avais une fois essayé de faire une série de photographies qui montraient
la fabrication des images se fabricant, les images ainsi fabriquées se
mêlant à celles qui étaient déjà fabriquées, ce ne fut pas un succès, si
tant est que le succès existe en photographie. Le site "Désordre" comporte quelques
tentatives analogues (en soi dans l'écriture du bloc-notes du désordre
qui a parmi ses vocations de montrer les coulisses de la fabrication et
des transformations du désordre, certains liens qui pointent vers le reste
du Désordre ont cette vertu récusive presque qui consiste à illustrer le
propos de son propre propos), pas toutes très
abouties, il faut bien reconnaître ce qui est. Je crois qu'en la
matière, la
relecture du site dans sa version refondue proposée par L.L. de Mars a davantage de chances
de succès dans la clarté de sa mise en abyme, et dans sa participation
(ce qui fait écran) à l'Adam
project, relue ce jour, il touche exactement au point névralgique de
ces recherches. Dans le cas de la chronique "ce qui fait écran"
cela a aussi le mérite de montrer la porosité (je crois que c'est
le mot choisi par lui) entre des univers et leurs appréhensions qui ne
font pas nécessairement corps et dans les jointures desquelles quelques
friches attendent encore leurs premiers visiteurs. Je pressens que mes
tentatives aussi inabouties qu'elles m'apparaissent se heurtent à une
cloison derrière laquelle se trouve un autre espace d'investigation dont
j'ai cependant l'intuition qu'il est lui aussi bordé de cloisons, elles
sont cependant un peu plus lointaines, aussi à l'image des êtres
prisonniers de la construction du
dépeupleur de Samuel Beckett, j'oscille sans cesse entre la volonté
conquérante d'abattre cette cloison et la résignation qui sait
particulièrement bien que cette brêche n'offrira qu'un réconfort passager
et qui butera sur la prochaine cloison. Et pourtant, dans les moments
fastes, je lis dans l'introduction des Mots croisés de Georges Perec: "on
n'oubliera pas non plus ce que l'on pourrait appeler des méta-définitions,
c'est à dire, des défintions trouvant leur référence dans le vocabulaire
même des mots croisés. Ainsi, si la définition du I horizontal
est:devrait passer de l'aure côté, la réponse est sans doute:
VERTICAL. Pour un 9 vertical défini par : Sont à leur place, la
réponse est VERTICAUX (à moins que ce ne soit NEUVIEMES) ...(...)... A
partir de là, d'innombrables variations sont possibles, y compris celles
que l'on pourrait appeler homosyntaxiques, et qui rattachent la définition
à un élément même du mot défini: A déjà commencé... = EROSIO. Il
lui manque effectivement une jambe = ANPUTEE." C'est décidement vers
cet espace incertain et intangible que j'aimerai tendre, pour le moment
sans succès, conscient que c'est dans cet interstice que se situent les
nouvelles connaissances, c'est à dire ce que je ne connais pas encore et
que je peine donc tant à définir, les mots étant aussi gauches à décire
l'inconnu que le peintre Memlinc peignant le lion de Saint-Jérome sans
jamais n'avoir vu de ses yeux vu un véritable lion. |