Après tout, c'est pas si grave,
que je me dis; c'est au moins l'occasion de rencontrer Philippe de Jonckheere
et de réécrire la Genèse autour de quelques cafés
lyophilisés dans ma cuisine. Ça faisait un moment que
je me demandais comment le désincruster de son bled de l'Oise,
et je tenais là un pied-de-biche idéal, un alibi intellectuel
du tonnerre de Dieu.
J'aurais dû me douter que s'il acceptait de participer à
cette affaire, ce saligaud allait travailler comme un castor et me foutre
la pression. Ce fut le cas; pendant que je me les roulais mélancoliquement
une semaine avant le jour J en me demandant si j'allais mettre mon titre
en italique ou en romain, ce graphomane impossible avait accumulé
dix-huit Mo de fichiers .rtf, se reposait à peine sur un matelas
de tirages d'imprimante, ne se nourrissait plus que de Guronzan et de
ses rognures d'ongles, et avait informé
le monde entier de l'avancée de ses travaux pour me ridiculiser.
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