Périscopage - Bazooka - Le Dernier Cri
entretien Loulou Picasso / L.L. de Mars
Exposition Bazooka aux Jardins du Thabor, Rennes

L.L. de Mars :  Hmm....Oui... Ce qui est quand même remarquable dans Bazooka, c’est par où se glisse la subversion des... des modèles graphiques, et de la production justement : et en fait vous l’envisagiez d’emblée comme... comme destiné à, à des reproductions? Déjà, c’était frontalement hors du champ de la représentation de l’art contem

Loulou Picasso :  Ah oui oui oui! Il était vraiment, il était vraiment pas question, enfin, c’était, en sortant des Beaux-arts il était vraiment pas question d’entrer dans une galerie! C’était... non... c’était vraiment... Moi je suis rentré dans une galerie la première fois... la première exposition date de 86, 87... Bien longtemps après tout ça. Non non, c’était pour, pour pénétrer la presse. Pénétrer les médias. Et avec en même temps tu sais, cette espèce d’intuition où tu sens que ça change, qu’il y a quelque chose qui est en train de se mettre en place... Que, enfin oui: qu’il faut changer les formes. Enfin... Il faut changer les formes, il faut regarder l’image différemment, etc. Et on avait déjà une culutre de l’image assez forte, hein. On suivait beaucoup des groupes tu sais, de figuration critique...

L.L. de Mars :  Arrayo?

Loulou Picasso :  Oui, Arrayo, bien sûr, mais de type aussi Equipo Cronica1, etc. On était très fans d’Equipo Cronica. On était vraiment dans cet esprit-là... Et en même temps : et de regarder les images du quotidien et les compiler, et en même temps de regarder la peinture et de compiler. De la même façon tu vois. Comme mettre, faire des... des raccourcis... des rapprochements, des découpages. Avec en plus des véritables - alors là c’est tout un mouvement de la fin des années 70 début 80 - avec toute une fascination pour tout ce qui était suprématisme... tout ce qui était l’oeuvre de Lissitzky, tout ce qui était le Bauhaus etc... Enfin...

L.L. de Mars :  Là, ça nous rapproche plus de la notion de propagande... Tous ces gens, ces mouvements étaient très impliqués dans

Loulou Picasso :  Oui oui, et, non non, oui et en même temps cette lecture-là, hein : de regarder vraiment comment étaient faits les journaux soviétiques... comment était faite la maquette Bauhaus... Oui, essayer de... D’innover, de transformer... En plus c’était assez fascinant parce que y’avait très très... Enfin, fin des années 70, début 80, y’avait très très peu de... de textes, de bouquins, tu sais il fallait vraiment chercher pour trouver des trucs sur Lissitzky, sur Rodchenko etc. C’était avant les Paris-Berlin et Paris-Moscou2, enfin, c’est un peu cette période-là oui... Si tu veux, c’est le... C’est aussi ce qui a fait que... ça n’a pas perduré etc... On a jamais eu de... Contrairement à d’autres groupes tu vois, comme les Ripoulin, qui ont fait après

L.L. de Mars :  Les?

Loulou Picasso :  Les Ripoulin; les Ripoulin c’est le groupe de monsieur Closky et... Pierre Huygue... qui étaient des types un peu, un peu plus jeunes que nous... Eux passaient des heures et des heures de réflexion, blabla etc. Nous on passait des heures et des heures de production. Et on faisait de la, on faisait de la presse...


1: La mémoire de Loulou superpose deux collectifs de l’époque qui étaient Equipo Realidad et le Groupe Cronica

2: Paris-New York, Paris-Berlin, Paris-Moscou, série de grandes expositions inaugurales qui firent date dans l'histoire du Centre Georges Pompidou.