
Difficile de vous faire pleinement part de l'étrange
impression ressentie en visitant à Lorient l'exposition
Géographie du regard , qui réunissait là-bas
vingt artistes acadiens* (présentés par la Galerie
sans nom, dont vous trouverez les coordonnées à
la fin de cette chronique) : une bonne part de ma motivation
à fuir cette ville le plus tôt possible lorsque
j'étais adolescent avait été le dégoût
inlassablement éprouvé pour ce néant
culturel et intellectuel où un jeune artiste n'avait
pas plus de chances de montrer son travail que de découvrir
sur place celui des autres. Hé bien c'est aujourd'hui
ici — au moment où j'ai quasiment déserté
ailleurs les galeries d'art contemporain parce que je n'y
supporte plus l'ennui profond qu'elles distillent ni le pompiérisme
sociologico-ludique qui s'y donne en règle —
que je visite la première expo depuis bien longtemps
dans laquelle au moins le quart des oeuvres m'a nettement
enthousiasmé ; l'autre motif ayant accéléré
ma fuite de Lorient était l'étouffante odeur
de mort cérébrale que dégageait la liesse
bretonnante et son navrant cortège annuel, le Festival
Interceltique. Et c'est ce Festival qui accueille aujourd'hui
Géographie du regard... Comprenez ma perplexité...
Voilà une exposition dont le sentiment général
de générosité qui se dégage de
son organisation et dont l'accueil chaleureux prodigué
par ses organisateurs est une quasi incongruité à
l'heure où tous les centres d'art sont à peu
près aussi bienfaisants qu'une parti de rami dans une
salle de soins palliatifs un soir de novembre.
J'ai pris quelques photos évidemment foireuses et floues
pour vous brosser cette petite visite numérique ; j'ai
adjoint en fin de parcours quelques reproductions tirées
du catalogue.
Merci à Ginette Savoie pour sa cordialité contagieuse
et son aptitude à défendre les oeuvres qu'elle
présente.
L.L. de Mars
*l'Acadie est une région du Canada rêvée
d'ici à ici, dont la limite exacte se dessine comme
un jeu à point entre toutes les têtes qui se
pensent résolument acadiennes.
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