Périscopage - Bazooka - Le Dernier Cri
entretien Loulou Picasso / L.L. de Mars
angouleme 2005
En prévision de l'ouverture de nouveaux marchés extérieurs, une piste d'atterissage a été aménagée à l'Ouest pour accueillir les extra-terrestres

C'est pour ma part en tant que dispositif, saisi dans son dernier état territorial, que j'aimerais dans ces quelques notes évoquer la question. Je ne pense pas une seconde vous ouvrir ici à une découverte insoupçonnable, à une révélation, mais à une simple formulation ; encore doit-on entendre que cette formulation s’oppose au silence consubstantiel à toute institution et non à celui des milliers de visiteurs qui, chaque année, ne manquent pas de se formuler en d’autres termes tout ce que j’écris ici. Ce dispositif territorial répartit la visibilité des différents modes d'apparition de la bande dessinée selon une hiérarchie très claire: la double bulle des plus gros éditeurs - bivalve déjà bien lourd de sens dans son propre quadrillage, donnant sa propre interprétation des hiérarchies et sa propre fondation de la valeur - la bulle New York très nettement séparée dans la ville où les micros publications cohabitent avec les pathétiques vendeurs de produits dérivés, et enfin le off, qui cette année se résumait à l'isolement de l'équipe du Dernier Cri dans l'espace sans chauffage de l'ancien cinéma "L'éperon" *.


* Voilà du moins pour les bulles, noyau du festival; un espace jeunes talents a été crée près du marché couvert semble-t-il, dont je n’ai appris l’existence qu’à la fin du festival. Ajoutons à ça l’Espace Franquin pour les rencontres internationales (ma compagne, plus mobile et disponible que moi, n’a pas réussi à y voir quoique ce soit, la foule ayant eu raison de son endurance), les espaces d’exposition (Cnbdi, Ateliers Magelis etc.), et l’Espace Jeunesse consacré cette année à Picsou, devant lequel on passe nécessairement en allant des bulles du Champ de Mars à New-York. Un véritable essai psychogéographique tiendrait évidemment compte de ces satellites, intégrant au parcours le fluide conducteur de tous les déplacements, la foule, qui écarte presque complètement toute possibilité de dérive.