C'est pour ma part en tant que dispositif, saisi dans son
dernier état territorial, que j'aimerais dans ces quelques notes
évoquer la question. Je ne pense pas une seconde vous ouvrir ici
à une découverte insoupçonnable, à une révélation,
mais à une simple formulation ; encore doit-on entendre que cette
formulation s’oppose au silence consubstantiel à toute institution
et non à celui des milliers de visiteurs qui, chaque année,
ne manquent pas de se formuler en d’autres termes tout ce que j’écris
ici. Ce dispositif territorial répartit la visibilité des
différents modes d'apparition de la bande dessinée selon une
hiérarchie très claire: la double bulle des plus gros éditeurs
- bivalve déjà bien lourd de sens dans son propre quadrillage,
donnant sa propre interprétation des hiérarchies et sa propre
fondation de la valeur - la bulle New York très nettement
séparée dans la ville où les micros publications cohabitent
avec les pathétiques vendeurs de produits dérivés,
et enfin le off, qui cette année se résumait à l'isolement
de l'équipe du Dernier Cri dans l'espace sans chauffage de
l'ancien cinéma "L'éperon" *.
* Voilà du moins pour les bulles, noyau du festival; un espace
jeunes talents a été crée près du marché
couvert semble-t-il, dont je n’ai appris l’existence qu’à la fin
du festival. Ajoutons à ça l’Espace Franquin pour les rencontres
internationales (ma compagne, plus mobile et disponible que moi, n’a pas
réussi à y voir quoique ce soit, la foule ayant eu raison
de son endurance), les espaces d’exposition (Cnbdi, Ateliers Magelis etc.),
et l’Espace Jeunesse consacré cette année à Picsou,
devant lequel on passe nécessairement en allant des bulles du Champ
de Mars à New-York. Un véritable essai psychogéographique
tiendrait évidemment compte de ces satellites, intégrant
au parcours le fluide conducteur de tous les déplacements, la foule,
qui écarte presque complètement toute possibilité
de dérive.
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