L.L. de Mars
: Continue sur ça... ce que tu as évoqué
tout-à l’heure : tu disais que tu avais envie de faire graphiquement
ce que... ce que musicalement faisait
Loulou Picasso :
Autrement y’a aussi, enfin ça c’est un côté
de l’approche, oui, enfin un moment où on est vraiment punks
aussi, c’est que quand on est aux Beaux-arts à ce moment-là,
on se pose pas, on se pose aucune question sur la justesse, enfin, sur
notre boulot ; c’est-à dire que dès la première
année on a adopté des mots d’ordre, qui sont vraiment
des mots d’ordre de production... où il faut vraiment que
l’on... oui, que l’on fasse des pages, que l’on inonde
le truc. Notre volonté au départ, c’était vraiment
de créer un journal, nous, perso, et comme ce n’était
pas possible, techniquement et financièrement... on s’était
dit qu’on allait créer un journal en parasitant les autres.
C’est-à dire, à annexer, à annexer des cahiers
de seize pages dans Métal Hurlant, annexer des pages entières dans Libération etc.
etc. Enfin, faire vraiment comme ça, de la place, et avoir une
approche qui était tout-à fait... qui était purement
sensible... Je sais pas comment te dire; on travaillait vraiment à
la.. à la réaction épidermique. Par rapport au monde;
et on était comme ça dans une période de basculement
un peu bizarre ; moi j’ai jamais été vraiment militant
gauchiste etc... On était quand même vraiment très
très intéressés par ça : par le situationnisme
etc. etc., mais sauf qu’on avait pas le... on était un peu
trop jeunes. On avait pas eu le parcours, on avait pas eu ce, ce... on
était pas rentrés à la Ligue Communiste...
On avait pas vraiment le langage etc... Mais on faisait quand même
des efforts tu vois, pour lire etc.
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