Vous pourrez vous épargner ce pensum,
où nageotent fatalement deux ou trois bonne planches dont on plaint
les malheureux auteurs d'être en si pathétique compagnie,
en embarquant ce condensé de médiocrité qu'est le
fascicule accompagnant l'exposition :
Qu'y voit-on? Un pénible druide y grandiloque d'entrée
sur fond de carte postale hors-d'âge pour nous convaincre que
la Broutagne est un foyer vibrant de créativité artistique.
On voit mal comment il pourrait nous en convaincre avec ces étranges
contre-arguments que constituent la nullité sans fond du fascicule
lui-même, la ringardise à peine croyable de son mode narratif
à cul de plomb, l'hystérie d'un dessin où le moindre
trait surjoue dix fois plus qu'un figurant de Tod Browning et la prétention
— historiquement incompréhensible — à fonder
l'histoire de la bande dessinée en Broutagne dans l'atelier du
sans aucun doute sympathique mais insignifiant Fournier...
Si certains se souviennent des albums de Spirou truellés par
le monsieur, ils auront bien du mal à y trouver une définition
satisfaisante d'un foyer de créativité ; et comme moi
sans doute, il se demanderont si son hagiographe a la moindre idée
de ce qui se faisait en Broutagne avant, pendant et après le
ministère invisible de ce pauvre Fournier... si en gros il ne
se foutrait pas un tantinet de la gueule du monde... |