à mesure que je m'éteignais dans le micro, je voyais nettement les yeux de ceux à qui je parlais s'arrondir ; je sentais une épouvantable gêne monter, et je me demandais sans cesser de parler dans quel état ma voix arrivait à leurs oreilles pour qu'il me regardent comme ça, si une compression particulière de l'air ne transformait pas en une bouillie grotesque chacun des mots prononcés, si "ils sont retournés le plus naturellement du monde à la domination dont il étaient issus" n'était pas devenu pour mes auditeurs paralysés "la blatulle dominate boulingue des trous plaplates", si je n'étais pas en train de plonger tout le monde dans l'atroce embarras que provoque une déclaration psychotique dans un congrès d'aliénistes et, mon Dieu, je priais pour que le dernier mot, poussé par les autres, sorte enfin de ma bouche, pour que l'os de seiche qu'était devenue ma langue cesse de clapoter idiotement contre mon palais.

 

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exposition blanquet à Rennes - Périscopages 2005