Ça faisait déjà vingt
ans que le roman pataugeait lamentablement dans la première
personne du sujet dans l'espoir mal caché de faire
recouvrir un jour le mot vérité par celui de
réalité - celle-la même qui fourre le
kilo de rimmel sur toutes les chaines de télévision
- et d'apporter enfin aux écrivains le même public
que les chansonniers, fût-ce au prix d'avoir la même
carrière et le même talent. Rien d'étonnant
à ce que la bande dessinée, tortillant depuis
si longtemps du cul derrière ceux qu'elle désigne
toute seule comme étant ses bourreaux légitimes
(ses bourreaux désirés), ceux dont elles mendie
insupportablement la légitimité — les
Arts Majeurs avec une vraie Histoire, eux — rien d'étonnant
à ce qu'elle ait fini par embrasser à son tour
la carrière égographique qui ponctue si joliment
par la disparition de toute ambition artistique et littéraire
ce siècle de minables et de peignes-culs.
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