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Mauricio
Kagel faisait part, dans son ouvrage «Tam Tam»,
de sa crainte qu'une musique toute entière au renouvellement
de son instrumentation sans soucis du renouvellement de son approche
compositionnelle, ne s'enlise dans les fifrelins pompiers de la musique
de cirque ; en effet, j'ai vu fleurir dans les dix dernières
années un grand nombre de ces bricolages plus ou moins ingénieux
qui masquent mal sous leurs allures faussement humbles, aimables et
populaires, l'académisme profond d'une musique sans aventure
; la pénurie y développe l'étrange contresens d'une
profusion, la pauvreté du matériau faisant écran
— et alibi — à la pauvreté musicale ;
quand une parodie de l'art brut drague la boîte à musique,
qu'est-ce ce qui la différencie des chansonnettes prétenduement
réalistes ne lustrant que des pavés qui ont rejoint
depuis longtemps chevaux et gazogènes dans les musées?
Frédéric Le Junter est un des rares inventeurs qui, depuis
vingt ans, tire le meilleur parti des pistes ouvertes par les différentes
manifestations de la musique concrète ayant essaimé dans
le courant du XXème siècle : ses machineries ne sont pas
que de merveilleux automates, elles sont des sources de grandes joies
musicales, de délicates et profondes compositions.
Ce sont à mon avis les rares installations sonores dont on puisse
sans regret quitter du regard les mécanismes émouvants
pour en goûter la seule musique.
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