Périscopages 2006 - Jochen Gerner etc.
entretien Sébastien Lumineau / L.L. de Mars
entretien Lumineau/de Mars
Rencontre Nicolas Robel/Sébastien Lumineau («Auteurs ET éditeurs»)
S. Lumineau:  Je ne pense pas que ce soit de leur propre chef.

L.L. de Mars:  Ça veut dire que

S. Lumineau:  Non, mais  (rires). Ça mérite d’être développé (rires). C’est à dire que à un moment donné, euh, voilà, déjà le fait de me dire, « je veux être  dessinateur de bandes dessinées », c’est déjà restrictif... Puisque déjà, enfin... On peut dire, ha bin voilà, on sait, on sait ce qu’est la bande dessinée, finalement, enfin...

L.L. de Mars:  Bah oui, euh, dans quelle mesure tu peux me dire ça ? Tu es le premier à me dire : soit, je découvre la bande dessinée dans des conditions enfantines, mais la révélation pour moi c’est Crumb. Alors ? Je t’y renvoie! Tu me dis : « qui a accès à Crumb ? » Pas d’accord ! Qui avait accès à Rothko dans les années 60 ? C’est pas un problème, plus que ça, qui a accès au «Livre» de Guyotat dans les années 80 ?... Je... Je... Je pense pas que le problème vienne de là, je pense qu’il vient réellement de la façon dont les dessinateurs eux-mêmes semblent se maintenir sur une ligne complètement paradoxale, c’est-à-dire, aspirer d’une part à la reconnaissance d’une légitimité, un art adulte avec des problématiques adultes, de nouvelles typologies, et présentant pourtant, têtus comme des mules, un héritage de tous les caractères enfantins, tous les signes visibles de quelque chose qui... De façon têtue, permanente, maintienne en vie, Dieu sait pourquoi, le bonheur nostalgique qu’ils ont eu en découvrant la bande dessinée. C’est quand même... Assez contradictoire : c’est-à-dire accepter d’une part... Toi-même, tu arrêtes pas de parler de commerce, ce qui te ressemble aussi peu, c’est drôle de t’entendre toi, dire ça, ça n’a pas de sens...

S. Lumineau:  Oui mais, c’est une réalité. Moi, enfin, euh... La bande dessinée fonctionne très bien... D’un point de vue commercial. Donc, enfin, honnêtement, moi je... Je, je le dis assez souvent, pour moi la bande dessinée c’est avant tout, non pas un art, mais un commerce. Enfin, majoritairement, c’est un commerce. C’est pour ça que ça pose problème... Quand j’essaie de séparer les deux choses, enfin, qu’est-ce qui est produit d’un point de vue artistique et d’un point de vue commercial?, on voit bien que l’équilibre se fait absolument pas. Et... Et les éditeurs et... Les auteurs, c’est con à dire, vont maintenir ça, quoi parce que c’est aussi l’idée, parce que c’est aussi un gagne-pain, quoi.