Lucien Suel -Au Bout de la langue - Le Triangle, Rennes les 26 et 28 septembre 2002

On va entendre toutes sortes de choses, donc, infiniment plus variées que notre mauvais esprit méprisant ne nous le faisait imaginer. Faut pas rêver, c'était globalement assez peu brillant, bancal en diable, parfois inaudible, timide, bredouillé, généralement écrit à la va comme j'te, plein d'un sentimentalisme assez prévisible. Mais c'était pas si mal. Loin de là. Et c'était surtout assez inimaginable, je le répète, de se représenter tous ces gens, si nombreux dans un quartier comme celui-ci (pauvre, hlmisé), arrêter le temps une heure ou deux pour poser leur cul et écrire un poème, leur poème, leur truc, un truc qui s'impose à eux. Qu'est-ce qui, on se le demande un peu, dans notre mode de vie, peut rendre encore ça si impérieux à certains, écrire de la poésie?