Philipe Zunino aimerait ressembler à une différence*
Après
la bêtise que je venais de faire il y a un an, je me suis dit« Philippe,
il faut faire des excuses à M. Olivier Blanckart artiste de son état».
Il me faut donc assumer mes actes, tant de nobles personnes l'ont fait, c'est
l'objet de ce mail, comme dans un rêve, où le réel nous
fait voir la réalité des choses en suspension cosmique1,
après cet acte innommable sur la beauté de la mort, j'ai décidé
de demander pardon à M. Olivier Blanckart. Voilà les faits tels
que la police me les a rapportés:
artiste bénévole de mon état j'ai toujours été
habité par des grandes aspirations, changer le monde, devenir célèbre,
faire de la publicité ou encore avoir des enfants dont une fille qui
serait à mon image, c'est de là que tout est arrivé, sans
aucun doute. Il y a de cela un an environ, après que j'avais lu des emails
et des fax que M. Olivier Blanckart avait écrit à des gens, je
me suis renseigné de près sur Google sur internet et j'ai découvert
un monde fabuleux que je ne connaissais pas, celui d'un artiste à vocation
interstellaire comme moi. Il faut dire que j'ai toujours été battu
sévèrement par mon père pour ma curiosité intellectuelle
et provoqué sexuellement par ma mère pour des raisons que je ne
comprends toujours pas; est-ce là la clef de ma folle impertinence ?
la question reste posée de plein fouet dans le visage hautain de la gloire
que j'ai toujours sentie à portée de mains. «Êtes
vous fou?» me suis-je dit2 ? «Oui» je m'ai répondu
et c'est là que je me suis dit qu'il fallait faire quelque chose de grand,
de surprenant, au regard de ce monde extraordinaire de l'art de parler en groupe
différé.
J'ai donc voulu faire comme vous M. Blanckart, grand mal m'en prit, je ne le
referais plus jamais si j'eusse pensé que moi aussi je puisse envoyer
des mails ou des fax à qui que de droit, pour leur parler du mal. Je
le regrette bien, mais j'avais une autre intention qui vient de ma fascination
pour La Littérature et le Mal de M. Georges Bataille, j'ai pu
lire et ceci par hasard des fax sublîmes que M. Olivier Blanckart envoya
en grand nombre à de braves gens d'institutions artistiques, j'y lu décontenancé
que M. Olivier de sa plume enflammée y disait en substance à M.
Emmanuel Latreille «Seriez vous plus con qu'un lapin ?» un lapin
j'adore le lapin chasseur, ma voie était tracée, mais quand plus
loin je pus lire «Vous êtes un lâche soyez assuré de
tout mon mépris», j'en ai pleuré de joie, pourquoi pas moi?
Ou pourquoi toujours les autres pourquoi pas moi ?Ou encore je lus avec avidité
«Vous êtes contaminés par les fascistes via l'éducation
que vous payez à vos enfants» quelle beauté, quelle sévère
beauté, de l'écrit, de la voix, qui ne s'encombre plus de la sagesse
élémentaire du savoir vivre. En effet la compassion n'était
pas de mise en cette Bourgogne foudroyée par le Front dit National et
leurs collaborateurs de première main, les cadres de l'institution artistique.
Et tant d'autres belles choses que je ne puis ici raconter malgré l'énorme
plaisir que j'en ai retiré.
Pourquoi ai-je agit ainsi ? je ne suis qu'un copieur, une pâle copie d'extraits
de mémoires, de votre génie, excusez-moi M. Olivier Blanckart
de vous avoir bafoué sur l'autel de la résistance au lapin, au
fascisme, je mérite le suicide comme vous le suggériez à
Mme Noelle Tissier après les élections du 11 septembre 2002, ma
vie est un échec constant d'une solitude que mes proches ne peuvent plus
supporter, désormais je suis seul, coupé de tout, je me rends
à vous et à votre compassion, que justice soit rendue, moi aussi
j'ai du scotch à la maison.
J'ai fait tout cela de mon plein gré qu'aucune personne n'aurait pu me
souffler, ma pratique constante d'une écriture désuète
m'a conduit directement vers la défaite. Me voici prêt à
rendre devant vous les excuses que je vous dois. Et si quelques fautes se glissent
dans cet email vous les retrouverez dans l'original*, celui que je vous avais
envoyé.
En signe de soumission à la loi de la raison je me tiens prêt pour
une ultime rencontre, qui pourrait selon vos désirs me conduire vers
le pire, je crains beaucoup pour ma carrière, je chante dans une chorale
de groupe3, et sans faire de mystère ne pourrions-nous étaler
au grand jour tout ceci par exemple à Beaubourg sous la forme d'un colloque
écrasant ainsi tous mes délires loufoques?, croyez bien Olivier
si je puis me permettre, que tout ceci vivement je le regrette. Et j'attends
de vous un sourire un oui, bien loin du non, et si proche du non la rédemption,
du non du pardon. Et comme aime à le dire Fabien Hommet «Ça
fait des années que j’écrit non à l’envers
mais personne ne le sait», voilà ma raison d'exister. D'ailleurs
j'en ferai une chanson4.
Cordialement Philippe Zunino
1 Journal d'un fou Salavador Dali
2 Parut chez Voix editions en octobre 2002
3 René Crevel
4 Plus d'échanges moins de partage
5 Je dis tout haut ce que personne ne pense.
*Cette lettre d'excuse fût rédigée après la plainte déposée par O. Blanckart suite à la réception cette grotesque lettre d'insulte expédiée par P.Zunino (sous la pseudo-adresse de Fabrice Hybert...):
« je pense pour ma part qu'il faudrait exterminer tous ces sous merdes d'artistes quèmandeurs d'institutions, râleurs, minables, trous du cul sans talent, une vraie insulte pour la France, ce qui se passe actuellement au contraire de ce que vous pensez, est la seule chance de voir l'art changer en France, aussi pour inaugurer cette nouvelle ère, nous vous avons mis mes amis et moi sur une liste d'intervention radicale, dès que le moment sera venue, après les élections bien etendu, nous vous aiderons à rejoindre notre seigneur Jésus Christ et trouver votre vraie place qui se trouve près de Dieu.Oui nous avons décidé d'abréger vos souffrances, la méthode utilisée ; le scotch bien entendu, vous mourrez ainsi comme une oeuvre, quelle beauté n'est-ce pas, ce que vous n'avez jamais pu faire de votre vivant, avoir du talent, nous vous le cèderons par la mort, vos sculptures de merdes feront pâle figure à coté de celle que vous deviendrais, vous qui vous êtes donné tant de mal à faire chier tout le monde, vous accéderez à ce paradis qu'est le panthéon artistique. Et croyez mon cher Olivier que votre réputation de castagneur n'effraie que les tapettes que vous fréquentez, notre propention à manier le manche de pioche et la batte de base ball n'a d'égale que votre grande gueule de con dun milieu de tarlouzes rampantes, par ailleurs votre petite famille s'étant aggrandie, nous n'excluons pas d'élargir nos activités dans le domaine du scotch à votre femme et votre fiston, eh oui en ces temps de parité tout le monde y aura droit. Voilà cher Olivier de quoi vous faire passer la journée devant votre bureau, ce qui vous changera du courrier à l'attention des institutions. Cordialement sale con pour vous gloire éternelle»