hierry
Bouche appartient à cette singulière famille
d'écrivains chez qui le goût de l'écriture —
décevant ou dévorant celui qui s'y donne complètement
plus souvent qu'elle ne le comble — entraîne celui de
la corrompre, de la malmener, de tourner en dérision son
autorité, ou de la ramener au statut silencieux d'image.
Des gribouillis nerveux de Michaux aux collages désordonnés
de Butor, c'est une histoire souterraine, parallèle à
celle des arts plastiques et bien plus désinvolte qu'elle,
qui sillonne notre siècle et qui rejoint, en s'y confondant
souvent, celle des plasticiens qui, de Schwitters à Degottex,
font eux-aussi de l'écriture un objet visuel où une
manière de trait.
Les Râlures de Thierry Bouche n'ont pas d'âge, pas plus
d'actualité que l'écriture elles-même; elles
transportent ainsi le plus naturellement du monde la modernité
qui, sans contrat avec le temps qui passe, ne risque pas d'être
emporté par lui.
L.L.d.M.
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