L'écriture est mon activité principale. J'ai écrit de nombreux volumes de prose, à ce jour inédits, et pas mal de textes plus expérimentaux, dont la plupart ont été publiés en micro-revue, milieu qui m'a chaleureusement acceuilli dans les années 86, et avec lequel j'ai beaucoup pris mes distances vers 1990. Aujourd'hui, après avoir partiellement repris goût à la vie et à son inscription, j'ai démarré la micro édition « Mrôrch » (http://www.chez.com/gabym/) et commencé à mettre de l'ordre dans mes papiers, et mes idées.

Depuis une dizaine d'années, j'ai accompli une lente descente au coeur de l'enfer des objets en littérature. De fait, l'édito de la première livraison de la Revue de littérature générale en appelait à une « littérature orientée objet », mais je crois que l'esthétique du clinquant ou du superficiel (« post-moderne ») exhibée par eux dans ce sens rend leur démarche caduque. En revanche, l'essentiel de mon travail a porté sur cette notion d'objet montés : une citation littérale, une référence, une allusion, une image (poétique ou graphique) : autant d'objets qui peuvent s'assembler en un texte que je vois avant tout dans sa linéarité (temporelle -- de lecture). Tout ce que j'ai entrepris a à voir avec les deux phrases suivantes : « l'inconscient, c'est les coupures du langage » et « le cinéma est un art du montage » : en termes plus kitsch je construis mes textes comme un bête coupé-collé d'objets dont il me faut tout de même fabriquer certains.

I l est intrigant de voir que, si ce point de vue n'est pas vraiment isolé à l'instant où j'écris ces lignes, il reste très mal compris, et partant très marginal. Surtout dans le domaine de la prose... Des références comme Gide, Ponge, Pound, Denis Roche ou Julien Blaine s'imposent.

La fabrication du « monde odieux » s'étend sur une dizaine d'années, elle a donné lieu à de nombreux avatars ou fragments préliminaires, dans une variété de formes qui ne contredit en rien l'unicité d'un texte incarné dans divers objets. Les premiers essais ont eu lieu sur deux fronts : l'un était de parvenir à une expressivité maximale, une mise sous condition du lecteur en utilisant le graphisme de la croix, fortement connoté mais surtout doué d'une puissance intrinsèque, en ses variantes, y compris dégénérées en une pluie énigmatique de signes -- ceci fut publié par La poire d'Angoisse (Moulinier à Périgueux), La vache bigarrée (Costes à Paris) et Doc(k)s (Blaine à Marseille). Paralèllement, dans le cadre de l'expérience lyonnaise "Écrits-studio" qui démarra sous la houlette de Patrick Dubost avant d'être récupérée par Jean-Pierre Bobillot, j'enregistrai l'essentiel du texte sur bande, à laquelle je fis subir quelques avanies. Cela donna lieu à une « performance » représentée une seule fois à Saint-Étienne lors d'un « contre-salon du livre » organisé par un bar associatif (Michel Deux et la revue Voluptiare cogitationes). La scénographie était basique : un type accoudé à une table sur laquelle repose un poste à cassettes. Il tente de lire un texte admonestant les croix en toussant, enclenche de temps à autres la bande qui contient des bruits de verre (croix broyées ?), des petits cris, des chocs sourds : il manquait idéalement un batteur rock et un drap blanc sur lequel imprimer des croix « à la volée ». La progression est difficile et rembarrée par les croix, la difficulté est le sujet de la performance, la performance est ratée. Après cet échec bénin, il m'a fallu deux ans pour apprendre la typographie, deux autres années pour maîtriser les pinceaux, les plumes et les encres, encore une année pour apprendre à rentrer le résultat dans l'ordinateur... et voilà.

 


Publications en revues.

La poire d'angoisse (Didier Moulinier, Périgueux),
Delta, station blanche (Patrice Beray et Frédéric-Yves Jeannet, Toulouse),
La vache bigarrée (Costes, Paris),
Doc(k)s (Julien Blaine, Marseille),
Offerta Speciale (Carla Bertola et Alberto Vitacchio, Turin),
Mai hors saison (Guy Benoit, Paris),
Foldaan (Jacques Josse, Lanvollon),
Électres (Jean-Pierre Bobillot & Sylvie Nève, Arras),
Cortex de nuit (Jacques Lucchesi, Marseille),
Hercule de Paris (Jean-Marc Bailleu, Paris),
Les épinouilleurs (Christophe Petchanatz, Lyon),
Matières (collectif Verso, Lyon),
Maison Atrides & Cie (Bobillot, Lyon)...

Opuscules parus.

« l'information du jour », cassette audio 60' (auto-édition, Lyon 1989) ;
traductions de poèmes à chanter par Chris Cutler et David Thomas (auto-édition, Grenoble 1987) ;
la farce du silence (auto-édition, Grenoble 1987 -- réédition par Gaby Mrôrch en 1996) ;
Chante, prélude (auto-édition, Grenoble 1987 -- réédition par Gaby Mrôrch programmée pour fin 1998 sous le titre : Thierry Bouche) ;
Journal à ma fenêtre (textes/photos, LPDA, 1986) ;
L.Movie (textes/photos, Hercule de Paris, 1987) ;
Mange la France ! (opéra bouffe, Gaby Mrôrch, 1997) ;
Pour Gaby (dix topographies, 12 graphies, 1 poème, Électre, 1998).