Extrait de Loin d'Odile de Christian Oster


Je m'installais en revanche à l'arrière, avec à mon côté une place qui heureusement n'était pas vide. Un gros sac l'occupait. Je préférais ça, en fait, d'autant que s'ils avaient casé ce gros sac dans le coffre je n'y aurais pas eu de place, dans le coffre, pour mon sac à moi. J'aurais posé mon sac à côté de moi, à l'arrière. Je ne me serais peut-être pas trouvé bien malin, à l'arrière, avec mon sac, tout seul à côté de moi.

Avec tout ça je n'avais même pas vu Jeanne. Quand je m'installai, elle me tournait le dos, naturellement, et je n'eus droit qu'à l'une de ses joues, trop vite tendue pour que le baiser que j'y déposai eût seulement le temps de se survivre. Après cette brève séquence, j'eus quand même droit à sa nuque. je veux dire, de la voir. Elle portait ses cheveux en chignon, une sorte de chignon mal fichu traversé n'importe comment d'une épingle en bois. A la réflexion, je n'étais pas si mal placé. La nuque de Jeanne, son chi­gnon mal fichu, son profil tendu vers André, parfois, son regard plus rarement croisé dans le miroir de courtoisie, ça m'irait. Je serais bien. J'étais bien.

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