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Extrait des déclinaisons sur l'imposture de Laurence Murphy. La dérobade. La petite fille se glissa entre le tronc rugueux et le petit mur tapissé de lierre, une oubliette sa cachette. Elle retenait son souffle, nosant même pas remuer les feuilles qui effleuraient ses lèvres. Les poings serrés, elle mordillait ses nattes, elle mordillait et murmurait, elle respirait à peine. Elle attendait sa peine. Là dans lencoignure de son arbre, recroquevillée, anesthésiée, elle respirait sa peine. Sombre, le lierre, et pas très fier. Lovée dans lombre, elle attendait quil vienne. Elle écoutait, elle guettait, elle attendait. Blottie contre lécorce, toute crispée, toute froissée et chiffonnée. Elle attendait. Elle attendait longtemps parfois en répétant sans cesse une détresse sans adresse. Il faisait un peu peur dans lenceinte de ses pleurs. Mais le lierre quand même,veillant. Mais larbre, tout de même. Mais .
Les pas, déjà, les pas, prenant leur temps, eux, ils avaient le temps. La petite fille ferma les yeux et les oublia, eux. Longtemps, elle aussi, après tout, elle avait bien le temps. Et ses mains, déjà, elles avaient moins peur. Et la lueur, tout en haut, à la cime de larbre, Elle calmait bien les peurs. Elle se disait tout bas, quun jour elle sortirait de là. Elle se criait très bas, quun jour il ne serait plus là.
Laurence Murphy, 28 mai 2002 |