Alesis ARP Buchla Con Brio Coupland EML EMS
E-Mu Ensoniq General Music Gleeman Gray Labs Hazelcom  

 


ALESIS

Etats-Unis

Etats-Unis, 3630 Holdredge Av., Hollywood, Los Angeles, Californie.

Les fondateurs viennent de la firme MXR, célèbre constructeur d'effets. Après la Midiverb, une réverbération numérique, ils créent une des premières boites à rythme à sons 16 bits bon marché, la HR-16. Puis c'est la sortie de l'ADAT permettant l'enregistrement en numérique et enfin, en 1993, l'essai dans le monde du synthétiseur avec le Quadrasynth.

En 1996 sort la série des synthétiseurs QS.


ARP

Etats-Unis

Newton Highlands [Massachusetts] puis

Lexington (45 Hartwell av.) [Massachusetts] en 1979

La société ARP Instruments a été créée par un ingénieur en électronique, Alan R. Pearlman (ses initiales ont donné le nom de la société). Elle sera leader du marché du synthé pendant toutes les années 70 (40% de part de marché).

Alan Pearlman revend en 1967 l'entreprise de composants électronique, Nexus, qu'il avait créée quelques années plus tôt. Avant Nexus, Pearlman avait passé 5 années à créer des amplificateurs pour les programmes Gemini et Apollo de la Nasa.

Dès 1948, alors qu'il était étudiant au Worcester Polytechnic Institute, Pearlman s'était intéressé aux instruments de musique électroniques. Ces derniers permettaient de mélanger sa passion pour l'électronique et son goût pour le piano.

En 1969, il décide donc de créer, avec l'aide de David Friend (21 ans) et de Lewis G.Pollock, la firme Tonus Inc. qui va fabriquer des produits électroniques, mais surtout un gros synthétiseur, l'ARP 2500. La nouveauté de sa machine reposait sur l'utilisation d'une matrice permettant de relier les différentes sections du synthé à la place des traditionnels cordons de liaison (patches). L'ARP 2500 connaitra un grand succès auprès des universités américaines.

Tonus se transforme par la suite en ARP instruments et, en 1971, l'ARP 2600, instrument mythique, sort des usines. Ce synthé semi-modulaire connaitra, après un démarrage difficile, un grand succès et de nombreuses vedettes de la musique l'utiliseront.

Le grand rival d'ARP est la société Moog. La petite "guerre" qui se déroule entre ces deux constructeurs se perçoit facilement lorsque l'on observe les machines: Les ARP ont, par exemple, des potentiomètres linéaires alors que les Moog ont des potentiomètres rotatifs et une molette de pitch-bend. Les ingénieurs d'ARP innovaient donc beaucoup, mais leur entêtement dans l'originalité les privait parfois d'accessoires utiles et pratiques. En 1972, c'est pour concurrencer le Minimoog que ARP décide de sortir l'Odyssey.

Cependant, ARP eu des problèmes à cause de son filtre, le 4012, calqué sur le filtre Moog. Moog demanda donc à ARP de changer de filtre. Le 4012 a été utilisé sur les premiers ARP 2600 et sur les Odyssey première version. ARP fut donc obligé de créer un nouveau filtre, le 4072. Malgré ses qualités, ce dernier, du fait de mauvais calculs lors de sa conception, connaitra des problèmes dans les fréquences élevées. Ceci peut toutefois être facilement corrigé par un réparateur compétent.

Il est à noter que les synthétiseurs ARP ont des oscillateurs très stables, plus fiables même que ceux des Moog [fait admis même par Robert Moog]. Pendant longtemps ARP a coulé les circuits électroniques de filtrage de ses machines dans de la résine pour éviter le piratage...d'où de gros problèmes lorsque l'on doit effectuer une réparation.

A la suite de l'Odyssey, ARP présente le Pro-Soloist, son premier instrument à presets.

En 1976, ARP sort un petit séquenceur, devenu depuis célèbre et encore actuellement très recherché.

Le plus grand succès commercial d'ARP sera l'Omni, sorti également en 1976, dont il sera vendu plus de 4000 exemplaires. Cet appareil mélange une section presets à une section synthé. Une version améliorée, l'Omni 2, sortira en 1978.

Mais l'argent des ventes est très mal géré et les gens d'ARP dépensent vite cet argent sans trop penser au lendemain. En 1976, la société fait appel à un gestionnaire qui remet un peu d'ordre dans les comptes. Mais le train de vie des trois dirigeants et leur mésentente (chacun avait sa vision de la gestion d'ARP) vont peu à peu faire sombrer la compagnie. De 1977 à 1980, D.friend est PDG et au cours de ces 3 années toutes les idées (décisions importantes) d'A.Pearlman seront systématiquement rejetées.

En 1977, D.Friend lance la compagnie dans un grand projet de synthé-guitare, l'Avatar, car il pense que le fait qu'il y ait beaucoup plus de guitaristes que de joueurs de clavier va faire s'envoler les ventes. Pearlman était opposé à ce projet d'Odyssey version guitare. Quand la firme décide de le mettre sur le marché, l'Avatar n'est pas complètement au point et mérite encore des améliorations. Il sera investi 4 millions de dollars dans ce projet (plus de la moitié du capital de la société), mais les ventes ne rapporteront seulement qu'un million de dollars en deux ans de production. Pour ARP ce sera "le début de la fin". D.Friend, qui avait été à l'origine de bons produits, tel l'omni, s'est cette fois trompé... et Pearlman avait eu raison mais personne ne l'avait écouté.

L'Avatar monopolisera quasiment tout le budget recherche de l'année 1977. Il empêchera en particulier la sortie du Centaur VI, prévue pour 1978. Ce synthé polyphonique, qui aurait probablement coûté de 15 à 20.000 $ (près de 100 000 F !), avait une durée moyenne de fonctionnement en laboratoire de 2 heures ! Il n'en existe que deux prototypes, l'un étant au New England Synthesizer Museum. Un autre projet, le "Modular Synthesizer Lab", sera également mis de côté à cause de l'Avatar. Le MSL, destiné au marché porteur de l'éducation, était un petit modulaire d'initiation composé de 5 à 12 modules basés sur ceux du 2600. Les problèmes financiers de la compagnie firent que ces modules et leurs manuels d'utilisation furent vendus à la société new-yorkaise "Electronic Music Products and Services"

Malgré ses problèmes financiers ARP rachète la firme Musitronics et se met à assurer la distribution des synthétiseurs Siel dans le monde entier (hors-Europe). La firme continue à sortir des synthés, mais ils sont peu innovants (Pro Dgx, Quartet [un dérivé du Siel Orchestra], Solus). Le Quadra, commercialisé en 1979, marque un essai de changement (design, mémoires programmables, contrôle par microprocesseur,...), mais il n'aura pas de suite.

Cette même année (1979) ARP sort à la hâte un piano électrique, supposé sauver la compagnie, mais qui échoue (un défaut de fabrication fait que tous les appareils sont renvoyés à la société pour réparation). Pearlman reprend alors l'affaire en main et lance, à l'automne, le projet de la dernière chance, le Chroma, un synthétiseur polyphonique contrôlé par microprocesseur.

Mais l'échec du Centaur, de l'Avatar, du piano électrique et la très mauvaise gestion de l'entreprise fait que cette dernière est mise en liquidation judiciaire en 1981 (elle devait 1.800.000 $, soit environ dix millions de francs, à la First National Bank of Boston). L'ingénieur Philip Dodds, alors vice-président d'ARP, qui avait été chargé par le juge du rééquilibrage de la société, finit par conclure un marché avec CBS : CBS, déjà propriétaire de Fender-Rhodes, rachète le projet Chroma pour 350.000 $ (près de deux millions de francs) et, en contrepartie, réembauche les ingénieurs d'ARP pour le réaliser.

L'arrêt brutal d'ARP entrainera une perte de plus de 20 millions de francs pour ses créditeurs, et de près de trois millions de francs pour Pearlman et sa famille !

Une grande partie du stock d'ARP a été racheté par la société Music Dealer Service de Chicago. MDS a pu ainsi assurer la vente de pièces détachées et les réparations pendant plusieurs années. Mais, malheureusement, cette société a aujourd'hui fermé ses portes.

A la suite du rachat par CBS l'équipe de R&D est transférée à Woburn (Massachusetts), où 50 exemplaires du Chroma seront construits. La production est ensuite lancée dans une usine de CBS située à Gulbransen. Mais les cartes électroniques produites ont toutes des problèmes de tuning dûs au mauvais mode de fabrication choisi par CBS. CBS perdra donc beaucoup d'argent et décidera de déménager la production à Fullerton, en Californie. Le Rhodes Chroma, qui aurait du être l'ARP Chroma, pourra enfin sortir. Il rapportera la première année 3 millions de dollars...

En 1984 sortira une version simplifiée du Chroma, le Polaris.

Mais que sont devenus les principaux protagonistes de cette saga ?

P.Dodds, après avoir quitté CBS, a travaillé à la création du Kurzweil K250 et monté une société spécialisée dans les systèmes vidéo interactifs. Il est maintenant à la tête de l'association chargée de fixer les standards dans le domaine de l'informatique multimédia.

D.Friend dirige Pilot Software, une société spécialisée dans les bases de données et les logiciels de communication.

A.Pearlman a, lui, travaillé pour Selva Systems, une société spécialisée dans les logiciels pour micro-ordinateurs, et est aujourd'hui ingénieur dans une petite entreprise d'électronique à Natick, dans le Massachusetts.


BUCHLA

Etats-Unis

Donald Buchla débute sa carrière en effectuant des expérimentations sur des instruments acoustiques. Au début des années 60, il découvre l'intérêt de l'électronique au San Francisco Tape Music Center, fondé par Ramon Sender et Morton Subotnick. En 1963, ces derniers chargent Don (diminutif de Donald) de la réalisation d'une machine capable de produire une grande variété de sons et pouvant être utilisée hors-studio, ceci afin de remplacer les difficiles manipulations de bandes magnétiques effectuées en musique concrète. En peu de temps Don crée la "Boite Noire" (the Black Box), un synthé modulaire contrôlé par tension. Cette machine est sortie avant le tout premier synthétiseur Moog, mais elle était plus destinée à des chercheurs qu'à des musiciens; Sa diffusion restera donc confidentielle.

M.Subotnick sera le principal utilisateur des premiers Buchla. Il les utilisera, entre autres, sur l'album "Touch".

En 1964, la société "Buchla & Associates" est créée et la production commerciale de synthétiseurs pour studio commence. Les premiers modules constitueront la série 100.

Au cours de l'été 66, le SFTMC déménage au Mills College à Oakland et est renommé Centre pour la Musique Contemporaine (CCM). M. Subotnick part lui pour New-York, en emportant le deuxième exemplaire du Buchla, et y composera deux albums, "Silver apples of the moon" et "The wild bull".

En 1969, un accord est conclu avec CBS, cette dernière se proposant de fabriquer les instruments Buchla. Les machines Buchla ne sont pas adaptées pour le grand public mais, grâce au puissant marketing de CBS, les ventes arrivent à décoller. Mais cette coopération est de courte durée car Don Buchla préfère la liberté de la recherche aux contraintes du commerce, CBS refusant de financer des recherches à long terme.

Au début des années 70 sortent les modules des séries 200 (qui seront produits jusque dans les années 80) et 500 (arrétée en 1975). Deux petites variantes du Buchla 200, le Music System 3 et le Music Easel, sortent respectivement en 1970 et en 1974.

De 1975 à 1982 ce sont les séries 300 (un 200 contrôlé par ordinateur), puis 400, qui voient le jour. En 1980 sort le Buchla Touché, sorti à peu d'exemplaires car très vite remplacé par le modèle 400. En effet, les changements technologiques étant très rapides à l'époque, le 400, la nouvelle version du Touché utilisant de nouvelles techniques, fut beaucoup plus rentable.

Don Buchla crée ensuite un dernier synthétiseur, le 700 (de 1985 à 1990).

En 1990, Don se lance dans la création du "Thunder", une interface de contrôle composée de nombreux touch-pads et équipée en Midi. Après le "Tonnerre", il crée, l'année suivante, "l'Eclair" (The Lightning), une autre interface de contrôle, permettant le suivi d'un mouvement de main dans un espace à deux dimensions (suivi optique d'anneaux mis aux doigts). Une version Lightning II sortira en 1996.

L'architecture des synthés Buchla aura toujours été différente de celle des autres machines. Les synthés Buchla sont, par exemple, les seuls à posséder des claviers différents du type clavier de piano. Mais cette marque n'a jamais atteint le grand public et est restée peu connue, même chez les amateurs. Donald Buchla n'a jamais aimé se montrer : C'est en partie pour cela qu'il reste méconnu. Pourtant il a eu autant d'ingéniosité qu'un Moog ou qu'un Pearlman (Buchla sera, par exemple, à l'origine du premier séquenceur).

Il est actuellement presque impossible de trouver des synthés Buchla en Europe.

Le premier prototype Buchla est toujours au CCM d'Oakland. Il resta près d'un quart de siècle inutilisé jusqu'à ce que, en 1992, un étudiant, C.Koenisberg, le sorte de son silence. Enchanté par le son du Buchla, Koenisberg s'en sert pour faire des enregistrements en le mélangeant avec des instruments actuels.


CON BRIO

Etats-Unis

Tim Ryan, assisté de D.Lieberman et de H.Danziger, crée l'ADS 100 en 1980.
Cet "Advanced Digital Synthesizer" possède un double clavier (61 touches chacun et splitables) et 64 oscillateurs. Il était relié à un ordinateur ayant, lui, un lecteur de disquettes pour les sauvegardes et un écran vidéo afin de pouvoir éditer les enveloppes des sons. Cette machine comportait également un séquenceur (temps réel) et l'on pouvait créer des sonorités par synthèse additive. Elle fut utilisé pour créer les effets sonores du film Star Trek (le premier de la série).

L'ADS 100 restera cependant à l'état de prototype et sera remplacé par une version plus compacte, l'ADS 200. Ce dernier avait deux enveloppes à 16 segments (pour le volume et le filtre), des layers, des combinaisons, des interfaces CV/Gate, était multisplit et son séquenceur comportait désormais 4 pistes. L'ADS 200 permettait, outre la synthèse additive, la synthèse FM (on pouvait construires ses propres algorithmes en combinant les 64 oscillateurs) et la modulation de phase (comme sur la série CZ de Casio). Trois exemplaires seront construits, mais seulement un seul sera vendu (170 000 F).

En 1982 sort l'ADS 200-R, comportant un séquenceur 16 pistes. La version 32 voix, extensible à 64 voix, coûtait plus de 130 000 F. Un seul exemplaire fut construit.

Les ADS furent de très bonnes machines, en avance sur leur temps, mais leur prix et leur complexité (elles avaient près de 200 boutons de commande !) entraineront leur échec.

Ces échecs prouvent que même si le marketing à ses mauvais côtés il est indispensable et qu'une société comme celle-ci, constituée uniquement de techniciens, aussi brillants soient-ils, aurait du lancer quelques études pour connaître les goûts et les besoins des musiciens.


COUPLAND

Etats-Unis

Micor Coupland créa un unique synthétiseur, portant son nom.

Ce gros instrument sur pied permettait différents types de synthèse (additive, soustractive, etc), et possédait 12 générateurs, 2 générateurs d'enveloppe à 5 segments, 1 LFO, un clavier splitable de 88 touches ainsi qu'un séquenceur (20 séquences). Il fut présenté au NAMM 1978, mais les visiteurs ne purent assister simplement qu'à une démo enregistrée de l'instrument ! En fait, les problèmes de fonctionnement étaient tellement nombreux que M.Coupland n'osa pas en jouer en direct. Personne n'aura d'ailleurs l'occasion d'en jouer car l'instrument ne sera finalement pas commercialisé !


EML

Etats-Unis

Etats-Unis, Vernon [Connecticut]

En 1966 un appel d'offre est lancé pour équiper les écoles de l'état du Connecticut en synthétiseurs. Fred Locke décide de se lancer dans le projet et construit un instrument en assemblant des modules préfabriqués.

En 1968 un nouvel appel d'offre est lancé par l'état. F.Locke ne souhaite pas retenter l'aventure car son précédent projet lui avait fait perdre de l'argent (les pièces préfabriquées coûtaient trop cher et avaient des éléments redondants). Locke décide plutôt de parler de ce nouveau projet à un de ses amis, Jeff Murray, un ingénieur électricien. J.Murray décide, lui, de se lancer dans l'opération avec l'aide de trois copains de travail, Norman Milliard, Dale Blake et Dennis Daugherty. L'avenir de nos quatre compères n'étant pas bien assuré dans leur société, ils décident de répondre à cet appel d'offre.

Leur premier essai est surnommé le Monstre Noir (Black Monster) et ne sera vendu qu'à une dizaine d'exemplaires. Cependant pour Murray et ses copains c'est un premier succès qui les encourage à continuer.

Pour éviter les vols, les écoles souhaitent que les instruments construits pèsent près de 100 kg; Pour s'alourdir le Monstre Noir contient donc des blocs de ciments ! Ce "Monstre" est une machine simple, nerveuse et offrant de nombreuses possibilités de création sonore.

En 1971 sort le modèle 100, sensé rivaliser avec le Minimoog. Ce synthé duophonique possède un filtre multimode mais, malheureusement, à 6 dB/Oct (les filtres Moog étant à 24 dB/Oct). Il sera produit à 200 exemplaires.

L'année suivante le modèle 101, prend le relais. Ce sera le plus gros succès d'EML, avec un millier d'exemplaires vendus sur 10 ans.

Au cours d'un salon organisé pour les professeurs de musique N.Milliard, venu présenté les premiers modèles EML, doit remplacer au pied levé Bob Moog, dont l'avion a été bloqué par une tempête de neige, pour faire un discours sur la musique électronique devant près de 2000 personnes. Milliard recevra un grand succès et rentrera du salon avec un grand nombre de commandes, ce qui permettra à la compagnie de décoller.

Les produits EML visent le marché de l'éducation, mais aussi celui des musiciens, et pour cela les prix sont contrôlés afin de rester compétitifs.

1972 voit la sortie du modèle 200. Il s'en vendra la moitié moins que le 101 (il sera surtout acheté par des écoles).

La même année sort le modèle 300, un petit contrôleur/expandeur destiné à être utilisé avec le modèle 200. Il sera vendu à environ 400 exemplaires sur une période de production de 7 ans, et là aussi les ventes se feront surtout avec les écoles.

Le modèle 500, une version limitée du 101, sort en 1973. EML pense qu'il va connaitre un immense succès, mais ce ne sera pas le cas et la production sera arrêtée l'année suivante.

1973 est aussi l'année où John Borowicz est engagé chez EML. Ses connaissances musicales vont être indispensables à la société, composée jusqu'à présent uniquement de techniciens. Il tentera d'améliorer les sons et sera à l'origine de la création du modèle 400 (séquenceur).

Mais en 1975, après des années de bonne entente, des désaccords commencent à naitre au sein de l'équipe. N.Milliard et J.Borowicz souhaitent aller plus en direction des musiciens, en particulier en créant un instrument polyphonique. La direction n'est pas enthousiaste pour un tel projet, trop coûteux à son goût. Finalement elle se décide, mais souhaite utiliser la technique du diviseur d'octave, déjà utilisée sur les orgues. N.Milliard et J.Borowicz ne sont pas d'accord car ils pensent que le futur synthé, le Synkey, sonnera comme un orgue et qu'il est préférable d'utiliser plusieurs oscillateurs pour créer la polyphonie. Ils souhaitent également utiliser de la mémoire vive (RAM) afin de pouvoir stocker des informations sur les sons. Ils ne seront pas suivis sur ces deux idées, là aussi pour des questions de coût. Le Synkey utilisera donc un diviseur d'octave et, pour le stockage de sons, une carte que l'utilisateur programmera par perforation !

En 1976, c'est la fracture. Milliard et Borowicz, accompagnés de David Kusek, quittent EML pour fonder la société Star Instruments qui produira avec succès des batteries électroniques.

En 1980, J.Borowicz et D.Kusek fondent "Passport Designs" et en 1986 Borowicz crée la société Coda, qu'il quitte en 1988. Borowicz, qui était le "musicien" d'EML, travaille depuis dans les systèmes d'information géographique, donc très loin du monde musical !

Mais en 1978 l'aventure d'EML continue avec le Synkey.

EML avait reçu une commande pour la création d'un synthétiseur de guitare de la part de Kaman Music, fabriquant des célèbres guitares Ovation. Cet instrument, appelé le Syntar, ne sera finalement pas produit, mais il servira de base au Synkey. Le premier modèle Synkey est le Synkey 1500 qui, pour un prix de 5000 F, possède un clavier de 45 touches avec aftertouch, un VCO et un VCF. En 1979 sort, pour les musiciens de scène, le Synkey 2001, programmable. Cette nouvelle version coûte 7000 F. Les deux premiers Synkey sont achetés par le musicien Frank Zappa, mais il ne s'en vendra par la suite que 75 exemplaires. Le succès ne sera donc pas au rendez-vous.

EML va alors connaître la rude concurrence des firmes japonaises mais va également souffrir de la crise pétrolière qui va diminuer le budget des clients (écoles et particuliers). Ces deux facteurs, associés au fait que les instruments EML n'étaient peut-ëtre plus vraiment adaptés au marché, obligeront la société à fermer ses portes en 1984.

Le stock restant a été racheté par la société américaine "The Audio Clinic".

Jeff Murray continue à créer des produits électroniques, mais en dehors du monde de la musique.


EMS

Grande-Bretagne

Trendeal Vean Barn

Ladook, Truro

Cornwall TR2 ANW

Au début des années 60 le compositeur Anglais d'origine russe Peter Zinovieff fait l'acquisition d'un mini-ordinateur DEC PDP-8 afin de monter ce qui sera l'un des tous premiers studios de musique électronique. Ce studio, situé à Putney au sud de Londres, est opérationnel dès 1962, et est nommé Musys III.

P.Zinovieff est rejoint en 1965 par le technicien Dave Cockerell, puis plus tard par le compositeur Tristram Cary.

De 1966 à 1968 Zinovieff et Cockerell vont construire un énorme séquenceur.

Le Musys III sera utilisé par plusieurs compositeurs, dont Harrison Birtwistle ("Chronometer" en 1971) et Hans Werner Henze ("Glassmusic").

Après avoir mis au point 2 prototypes, le VCS 1 en 1965 et le VCS 2 (contenant 3 VCO) l'année suivante, les 3 compères créent en 1968 le VCS 3, devenu depuis célèbre. La programmation se fait grâce à une matrice permettant de choisir les liaisons entre les différents modules, en remplacement des traditionnels cordons de patches. Le clavier était en option car la musique d'avant-garde que Zinovieff et Cary composaient était atonale et ils n'avaient donc pas besoin de clavier. Ce synthétiseur sera un succès dans toute l'Europe auprès des musiciens et des professeurs de musique. Plus d'un quart de siècle après, il est toujours considéré comme un très bon synthé pour la création de bruitages.

A la suite de la création du VCS 3 Zinovieff décide de créer pour son studio un nouveau synthétiseur analogique, destiné à être contrôlé par deux PDP-8. L'assemblage est terminé à la fin 69. Ce synthétiseur, représentant la partie analogique du Musys III, est nommé VCS 4. Il comporte 6 VCO, 2 filtres, 2 générateurs d'enveloppe, 2 modulateurs en anneaux, 2 reverbérations, 4 sorties audio et 2 claviers de 4 octaves.

En 1971 c'est la sortie de deux versions améliorées du VCS 3 : le synthi A puis l'AKS. Ce dernier a de nouveaux oscillateurs, plus stables, et un séquenceur incorporé. Sa facilité de transport lui assurera un grand succès (Il tient dans un malette avec un ampli et des haut-parleurs). De nombreuses écoles anglaises en possèdent encore aujourd'hui un exemplaire.

C'est cette même année que Cockerell et Zinovieff créent l'un des plus gros "monstres" de l'histoire du synthé, le Synthi 100, destiné à remplacer le VCS 4. Les deux premiers exemplaires sont achetés par la BBC et la radio nationale yougoslave de Belgrade. Mais, handicapé par son prix, sa taille et son poids, il ne sera finalement vendu qu'à quelques dizaines d'unités. La même année est créé le Synthi P, une machine construite à seulement 4 exemplaires, dont 3 étaient des prototypes ! Le Synthi P n'est en fait qu'un AKS avec des oscillateurs plus stables et un nouveau design. Ce manque de nouveauté et de gros problèmes techniques empècheront sa sortie dans le commerce.

En 1975, c'est la sortie du Synthi-E, une version simplifiée de l'AKS destinée au marché de l'enseignement.

D.Cockerell quittera EMS après avoir créé un processeur d'effets pour guitare, le Hi-Fli, et s'être occupé au cours de l'année 1976 de l'installation du studio électronique de l'Ircam.

Au milieu des années 70 Tim Orr devient le principal concepteur de la société. C'est lui qui, après avoir aidé à la conception du Synthi-E, crée la gamme des vocodeurs, qui connaitront un grand succès grâce à leur qualité. Un grand nombre est d'ailleurs encore en service. Mais Tim quitte rapidement la société, après avoir conçu un générateur d'effets quadriphoniques. Il est remplacé par Peter Eastly, qui va créer en 1978 le Computer Synthi, une machine qui restera à l'état de prototype. Elle était basée sur le Synthi 100 et était contrôlée par un PDP-8. Malheureusement cet instrument était trop complexe et aurait coûté environ 250.000 F.

La firme Datanomics rachète EMS en 1979. Le site de production est déplacé à Wareham, sur la côte sud de l'Angleterre. La première production de la période Datanomics est le Polysynthy, le premier EMS polyphonique. Cette machine, créée par G.Hinton, sera un énorme échec commercial : seulement une cinquantaine d'exemplaires se vendront sur 3 années de fabrication. L'instrument suivant, le Data Synthi, ne pourra même pas atteindre le stade commercial! Datanomics quittera alors le navire. On est en 1982.

La société EMS est reprise par le compositeur Edward Williams. Le nouveau directeur des produits sera l'un des tous premiers démonstrateurs EMS, Robin Wood (attention, pas Robin des bois !), entré dans la société en 1970. La firme survie encore actuellement. Elle fabrique des appareils électroniques destinés aux handicapés et vend certains vieux modèles de la marque, en seconde-main ou neufs. Mais avec la mode du retour à l'analogique leur stock a très vite diminué.

G.Hinton, lui, a fondé sa société, Hinton Electronics, spécialisée dans les logiciels et les périphériques Midi.

Tim Orr s'est réfugié chez Powertran, un firme anglaise qui vendait des synthétiseurs en kit par correspondance. Il y créera un vocodeur, un échantilloneur monophonique et plusieurs synthétiseurs. En 1986, Powertran déposera son bilan et Tim Orr deviendra professeur à Londres.

T.Cary est devenu professeur de musique électronique à l'université d'Adelaïde, en Australie.

A la suite d'EMS, D.Cockerell a travaillé pour la société new-yorkaise Electro-Harmonix puis a rejoint, après la fermeture de cette dernière en 1985, le groupe Akaï (Il travaillera sur tous les échantillonneurs de la marque [S900, S1000, S1100, S2800 et S3200]).

P.Eastly est parti chez SSL.

P. Zinovieff, le fondateur, a également quitté la société, au début des années 80. Son studio, le Musys III, a été démantelé en 1979.


E-MU

Etats-Unis

Scotts Valley

Californie

En 1971 Dave Rossum, un étudiant en sciences passionné de synthés, crée avec des camarades de classe un prototype de synthétiseur analogique, non modulaire, l'E-mu 25. Seulement deux exemplaires seront construits. Ils seront vendus sans réel bénéfice.

Dave décide alors de monter sa société. Il est rejoint par un ami, Scott Wedge. Installés dans un garage, ils vont s'atteler à la construction d'un synthétiseur modulaire. De 1973 à 1981 ils vendront une centaine de modulaires, la plupart à des universités américaines. Les modulaires E-Mu (Electronic Music) étaient très bons et très complets.

E-mu deviendra également célèbre pour ses claviers : Dave et Scott créent en effet le premier clavier monophonique contrôlé numériquement. Par la suite ils améliorent ce dernier pour obtenir le 4060, un clavier polyphonique contrôlé par microprocesseur, incluant un séquenceur 16 pistes. C'est ce clavier que la société Oberheim va utiliser pour ses modulaires 4 et 8 voix. E-mu va également aider Sequential Circuits à créer un clavier pour le Prophet-5. Ces deux contrats rapporteront beaucoup d'argent à E-Mu.

En 1976 et 77 la firme continue à vendre des modulaires mais travaille aussi sur les claviers et sur la création de processeurs avec la société SSM (Solid State Music).

En 1978 Peter Baumann, un membre du groupe Tangerine Dream, commande à la société un instrument analogique à contrôle numérique. Cet instrument sera appelé Audity. Il possède seize voix de polyphonie, un clavier de 61 touches et deux oscillateurs par voix. Il sera présenté à l'AES 1980. Son prix de vente est fixé à près de 300.000 F ! Malheureusement Sequential Circuits, considérant qu'elle payait trop de royalties à E-Mu, va stopper leur contrat. Ceci créera de gros problèmes financiers chez E-Mu et entrainera l'arrêt de la production de l'Audity, car pour vendre un tel instrument il fallait investir beaucoup d'argent en publicité et avoir la capacité financière d'attendre que les ventes décollent. Seuls quelques exemplaires seront donc réalisés (le premier ayant été envoyé à P.Baumann en 1979).

A l'AES 1979 les responsables d'E-Mu assistent à la présentation du célèbre échantillonneur de la société Fairlight. Ils réalisent alors que l'échantillonnage est une voie d'avenir. Pour assurer la survie d'E-mu il leur faut créer un instrument moins coûteux que l'Audity. Comme ils pensent qu'il est possible de construire un échantillonneur moins cher que le Fairlight ils décident de se lancer dans l'aventure. Ils se mettent au travail en mai 1980.

En janvier 1981 un prototype de l'Emulator est présenté au NAMM. Il sera vendu 8000 $. Un demi-millier seront produits. C'est Stevie Wonder qui sera l'acquéreur du premier exemplaire. L'Emulator sera très utilisé par le groupe anglais Depeche Mode, et en France par Indochine.

En 1982 la société commercialise une des premières boîtes à rythme contenant des sons échantillonnés, la Drumulator. Elle connaitra un grand succès.

La compagnie en parallèle améliore son Emulator : En 1984 sort l'Emulator II, machine qui deviendra célèbre. Cet échantillonneur huit bits permet d'enregistrer à trente kilohertz jusqu'à dix-sept secondes de son. Il est polyphonique et permet la modification des sons enregistrés. Son prix (70.000 F) va permettre à un grand nombre de musiciens d'accéder à l'échantillonnage. Jusque là, cette technique était réservée aux possesseurs de Fairlight, c'est à dire aux personnes pouvant investir beaucoup d'argent dans un instrument (Kate Bush, J-M.Jarre, Duran Duran, etc).

Depuis E-Mu, tout en continuant à travailler dans le domaine de l'échantillonnage (Emax, Emax II, Emulator III), s'est spécialisée dans les expandeurs. Elle a tout de même sorti en 1991 une version clavier de son célèbre expandeur Proteus, le Proteus/MPS.

En 1993 la société est rachetée par Creative Technologies, une firme de Singapour également propriétaire de la firme Californienne Creative Labs (célèbre pour ses cartes sons destinées aux ordinateurs PC). E-Mu se lancera d'ailleurs elle aussi sur le marché des cartes sons pour PC.

A l'automne 1994 la société présente l'Emulator IV.

La firme se consacre aujourd'hui à un nouveau type de synthèse utilisant le morphing. Elle a sunommé sa nouvelle synthèse le Z-plane.


ENSONIQ

Etats-Unis

Malvern

Pa.

En 1982 Bruce Crockett, Albert Charpentier et Bob Yannes quittent le fabricant d'ordinateurs Commodore afin de créer leur propre société d'informatique, Peripheral visions. Mais peu après la fondation de leur entreprise le marché de la micro-informatique devient très difficile pour les petites sociétés. Ils essaient donc de trouver un nouveau créneau où appliquer leurs connaissances et leur savoir-faire : Ce sera la musique électronique.

Au départ, ils essaient d'associer informatique et musique: Ils créent un logiciel de boite à rythme, puis sont engagés par leur ancienne société pour créer une puce chargée de gérer la partie sonore du micro-ordinateur Commodore C64.

Les dirigeants, ayant eu le temps d'analyser les échecs récents des fabricants américains de synthétiseurs et le succès des firmes japonaises, décident de viser un marché de masse. Ensoniq évite donc le marché de niche des machines haut-de-gamme, difficilement viable à long terme. Cela ne les empêchera pas de créer des instruments de grande qualité.

La société se lance dans la production d'un échantillonneur, le mirage, qui sortira en 1984. Il va connaître un grand succès car c'est le premier échantillonneur disponible à un prix raisonnable.

1985 est la première année de profit pour Ensoniq.

En 1986 la société frappe un grand coup en sortant l'ESQ 1, un synthétiseur utilisant la technique des tables d'ondes.

Après le SQ-80, en 1988, la firme sort la série VFX qui connaitra un grand succès.

Au début des années 90, Ensoniq renouvelle ses modèles en sortant le SD1 et les SQ1 et 2. Ensoniq franchit un nouveau cap en sortant, en 1993, les TS-10 et 12. Les modèles suivants seront le KS32, les KT et les MR.


GENERAL MUSIC

Italie

En 1890 à Mondaino, un village situé près de Rimini en Italie, Antonio Galanti crée un nouveau type d'accordéon. Sa production démarre dans son atelier puis dans une petite usine.

C'est cette petite société qui va devenir le géant Generalmusic, regroupant les marques GEM, Elka, LEM Schulze-Pollman et Buchmann.

En 1959 GEM, filiale de Generalmusic est la première entreprise Italienne à fabriquer des orgues électroniques.

La société LEM, spécialisée dans les amplificateurs, est rattachée à Generalmusic en 1969.

C'est également en 1969 qu'est créé le Baby Lem, le premier mixer portable équipé d'une amplification et d'un écho électromagnétique.

Generalmusic propose actuellement un grand nombre d'instruments acoustiques et électroniques.

1966 voit le lancement des Mini Gem, des orgues portatives.

A la fin des années 80 sort la série des workstations WS, puis WX, qui connaitront un grand succès.

L'équipe de recherche et développement s'est fortement renforcée ces dernières années, ce qui prouve la volonté de la société d'être à la pointe du progrès.


GLEEMAN

Etats-Unis

Cette société, créée par Al Gleeman, a commercialisé le Pentaphonic. Ce synthétiseur ne manquait pas d'intérêt mais il est malheureusement sorti trop tard pour pouvoir lutter avec la concurrence qui sévissait en ces débuts d'années 80.

Par la suite Gleeman tentera de créer un instrument capable de rivaliser avec le Yamaha DX7 mais il finira par renoncer devant l'ampleur de la tâche.

Al Gleeman a maintenant quitté le monde de la musique : Il travaille pour une firme médicale, pour laquelle il a inventé une machine utilisant le laser, non pas pour concurrencer la harpe laser de J.-M.Jarre, mais pour une utilisation dans les cabinets dentaires !


GRAY LABS

Etats-Unis

San Jose,

Californie

Cette société californienne ne produira qu'un seul synthétiseur au nom étrange, le Basyn Minstrel.

Sorti en 1981, cet instrument disposait de 4 voix, d'un clavier de 61 touches, d'un joystick et d'un écran à chiffres leds. Il coûtait 4.000 $. L'utilisateur pouvait créer ses propres formes d'ondes grâce à la table d'ondes programmable (64 parties). Le filtre avait une fonction qui interpolait au travers de quatre formes d'ondes, en séquence et sur un temps défini. Cette fonction permettait d'obtenir des enveloppes de timbre uniques (qui ne se retrouvent, peut-être, que sur le Synclavier).


HAZELCOM

Etats-Unis

C'est en 1981 que sort un instrument au nom étrange, le McLeyvier. Cette machine, coûtant de 100 à 200.000 F suivant les options, tire son nom de son inventeur, David McLey.

Les caractéristiques de l'instrument sont impressionnantes : 128 voix, stockage de six heures de musique sur disque dur, mais également affichage, édition et impression de partitions.

Une grosse société canadienne, Hazelcom, est tentée par ce projet. Elle va faire très vite beaucoup de publicité (trop peut-être) autour de cet instrument haut-de-gamme.

Le McLeyvier, qui s'est aussi appelé "Interactive Music Processor" et "Amadeus", sera utilisé par la musicienne Laurie Spiegel mais seulement une dizaine d'exemplaires seront finalement vendus.

Cet instrument analogique contrôlé par un ordinateur est en fait sorti au moment où les instruments numériques commencaient à "exploser". La concurrence étant très rude McLey, poussé par L.Spiegel, se mettra à travailler sur une version entièrement numérique mais Hazelcom ne souhaitera pas continuer l'aventure.



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