HORS
CATALOGUE
es
figures centrales de ces collages sont fabriquées avec des
morceaux d'images de corps féminins. Ces morceaux de chair
sont déchirés dans des catalogues et des affiches
de lingerie, sur des parties du corps laissées intactes par
un découpage de la peau par les dessous. Cela morcèle
le sexe masculin, ordinairement préservé du découpage,
et plutôt présenté et représenté
comme un inébranlable totem. Inébranlable totem, géant,
présent, et pourtant toujours invisible, étranglé
sous la soie, étouffé par les dentelles. Féminisé,
tant on peut croire aujourd'hui qu'on cherche à lui faire
passer toute sa masculinité. On pourrait dire : lui faire
passer toute sa mauvaise conscience.
C'est dans ce devenir que je l'ai récupéré,
en morceaux et déjà bien féminisé. Il
s'agissait de prélever les parties les moins gagnées
par les soyeux appâts, auxquels il est en train de mordre.
Et de présenter un possible état des lieux d'une bite
aujourd'hui.
Les fonds roses
desquels les bites émergent, ainsi que ceux faits de fragments
de romans-photos, sont tirés d'un monde qui semble n'avoir
plus de pensée. Ni la couleur rose, ni le genre de publication
utilisé, n'invitent à la réflexion. Des signes,
et du vernis à l'eau de bonheur, on ne sort pas. J'ai pensé
mettre en rapport ce consentement à l'imbécilité
et des images brut de désir, désir qui ne pense pas
et qu'on ne réussira pas à rendre imbécile.
Ou peut-être possède-t-il une pensée propre,
car si on tente sans cesse de le récupérer, le désir
se trouve à chaque fois ailleurs, et le pouvoir récupérateur
déjà débordé.
Avant tout,
ce sont des bites.
St.
Batsal |