Au début des années
70, la rature vaguement scripturale et faussement modeste était devenue
motif ; elle assurait les écrivains immodestes et sans imagination
d'avoir un peu l'air dans le coup sans mettre en péril ce qu'on pouvait
toujours lire derrière leurs faux repentirs imprimés. Dans
la revue Art Total, Michel Vachey se moqua de ces héros de
pacotille qui incarnent à mes yeuxla lâcheté artistique
et l'âme retardataire ; de la cohorte des Pollock aux ongles propres
qui se dandinent éternellement derrière ceux qui inventent
à leur place le monde et qui le payent à leur place de leur
immense solitude, nous ne serons jamais débarrassés. Ces faussaires
aiment se rassurer en imaginant une collectivité plus créative
que les sujets qui la composent ; mais l'image enfantine d'un artiste récolteur
du temps qui passe et ne créant rien ridiculise tout de même
leur demande d'indulgence : même le génie dérisoire
nécéssaire pour récolter la rature sur une page et
en faire un mouvement d'écriture leur avait manqué pendant
des siècles... |