Les plagiats revus à la brosse markettée,
les approximations fourguées pour de la vie-même, les pâles
échos ammondris d'oeuvres assez invisibles pour qu'aucun droit n'en
soit réclamé jamais, les médiocres copies mille fois
retardataires, les vols éhontés, les audaces moisies par l'usure,
les révoltes déjà imprimées dans les magazines,
les arrangements avec le dernier état du monde marchand déguisés
en pelotons d'avant-garde, les insolences qui laissent les chiottes éditoriales
dans l'état où on les a trouvé en entrant, les prises
de risques avec l'autorisation de la police, les adversaires comptés
dans les rangs infortunés et infortunés seulement, les ennemis
déjà piétinés ailleurs, toutes perles du collier
infini de la lourdeur victorieuse qui fait le monde des grenouilles de l'édition.
Il n'y a aucune raison que ça s'améliore, toute cette merde
est en place depuis toujours, depuis que la contrefaçon de l'invention
est la monnaie d'échange du bonheur des millions de poulets que l'invention
fait rôter de dégoût. Le monde appartient aux faussaires
mais ce n'est pas une raison pour ajouter à leur impunité
le sentiment triomphant d'être inaperçus et subtils. |