La créature qui a mangé mon père essaie de me nourrir avec sa merde (elle l'a maladroitement maquillée en pain de viande et a piqué des clous de girofles dedans pour en cacher l'odeur) ; elle veut que j'engraisse assez pour nourrir ses enfants. C'est la fête du pain de viande. Demain encore, ce sera la fête du pain de viande. Mon fils les regarde dans les vitrines (les lumières fortes en corrigent les couleurs merdeuses et les rendent appétissants ; qui se douterait qu'ils viennent d'être chiés?) ; il supplie qu'on l'en gave. Les parents autour de moi cèdent sans savoir que leurs enfants mangent leur grands-parents chiés. Ils deviennent ronds et roses commes des pâtes d'amande fourrées. Les plus âgés ont cessé de manger, ils vivent dans des souterrains où la puissante odeur des colorants dont ils barbouillent les merdes finit par les tuer. Mangés épuisés et courbés et roulés dans leur sueur épaisse, ils donneront un goût âcre à la merde destinée à nourrir leurs enfants.
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