ERSTENES
(1967)
 
 
 
 

Peu d'auteurs répugnent autant à parler de leur travail, et aucun ne rirait à ce point si l'on venait simplement à parler de lui comme d'un écrivain. Je peux vous dire qu'il écrit depuis longtemps, et qu'il publia pour la première fois avec moi, alors que nous étions encore lycéens, des nouvelles que nous savons tous deux inavouables (et Dieu soit loué, détruites depuis longtemps).
Les rares fois où des interlocuteurs sont parvenus à lui arracher deux mots sur la littérature, il a évoqué l'écriture de Faulkner; c'est pourtant à Cendrars, surtout, que l'on pense, à la fois pour ce style bizarre, indescriptible et agaçant, et pour une certaine idée du voyage qui ne glorifie pas tant le déplacement qu'elle ne méprise toute valeur de stabilité.
Tous ses textes ont été publiés tantôt aux éditions K' De M ou dans la revue La Parole Vaine; Dieu Sait ce qu'il en serait advenu si je ne les lui avais pas extorqués...
Parti aujourd'hui à la Réunion où on finira bien par le retrouver noyé dans une cuve de rhum, nous n'aurons des nouvelles de ses fictions que, comme à son habitude, au gré de ses gueules de bois.

L.L. de Mars