ERSTENES
Remède à la perte d'HÔ-Chi-Minh

Ce texte a été publié aux éditions K' De M, en 1991.  
Hô-Chi-Minh, portrait par L.L. De MARS
onsieur Hô, attrapez la balle, roule balle, que Monsieur Hô coure, bute, roule Monsieur Hô, le garde, délégué à l'oncle /j'insiste sur un besoin à votre santé/, le passage à la mort -1969-.
        Final.
        Le final
        fatal à Monsieur Hô.
        La tradition aurait voulu sa victoire vivant, Monsieur Hô, grand perdant, année 1969, ses troupes, mais le guerrier qui meurt avant terme est un mauvais guerrier.
        Et le peuple qui crève. Gaz à narines et peau brûlée. Faut-il couper la barbe au vieil homme étalé?
        Enfermé, le jeune Nguyen Ai Quôc
        Avait-il écrit
        sur le papier, avait-il utilisé un
        jaune ?

        J'avais rencontré un jour, deux, trois jours Monsieur Hô, Avril 1941, un mois avant le conseil vietminh; Monsieur Hô avait pris vingt huit ans d'âge.
        Il était, milieu de la pièce, avec sa barbiche, un peu trapu, un ensemble vétuste, je me croyais encore au Tonkin, sur un plateau, le peuple viet /vous ne prenez pas de note/, le parquet mal ciré, la terre mal battue, une natte, une petite table basse, le Q.G. du Vietnam libre.
        Une année, 1941, pour faire sombrer le communisme: Staline et Pierre le Grand, Tito, Hô Chi Minh, la libération nationale avant la révolution.
        -Monsieur... ,il serrait profondément les mains.
 
 

han adorait mouvoir ses doigts, son index déplié, un poignet courbe, le silence de la mort de Than, elle hurlait, parfois, dans le boxon, la femme jaune avait acheté un parapluie noir, haut contraste des moeurs du tablier vert et rouge le pantalon flottant, les mollets recouverts, le pied à la sandale, elle avait désiré voir Paris. Emmené, avionné Than.
        Nous avions fabriqué un tabouret roulant, reposer son corps tâché, poing de marin, le bain d'huile, Than adorait mettre de l'huile dans son eau chaude, un litre, un litre et demi, puis la regarder croupir autour de ses membres.
        Trop vieille
        l'amour
        que portait Than.

        Cadâvre -Than et son cadâvre, allumé la taoïste tradition, plaqué ses traits recueillis entre ma paume- dernier visage -sur son sein droit recouvert, renversé quelques tâches de peinture, noir et rouge couleurs aposées à ensevelies, noyées-.
Than noyée -perdu l'ultime date de son final- une peinture de chair, allumé les dernières lumières par-ce que son être avait mauvais air (casse-toi).
        Pourrais expliquer longtemps les histoires de sa mort (finale). Multitude des moyens et façons. Il avait déplié la natte, recouverte de dentelles -les trétaux ont bougé, remué le bout rose du museau vierge des odeurs-.
        (Than remit son maillot au corps, serré corset, pellicules de ses cheveux gras, bafouilla deux ou trois pas, glissant ses doigts ondulés entre lèvres vaginales, difficile pénétration, les jambes signèrent de leur blessure le parquet).
        Ces crânes et visages brûlés, le militaire américain regardait la sueur sur ses bras, des parcelles de village atomisé, cassé la glace où sa face perdait ses traits ronds, des restes de corps en dehors de la maisonnette accrochés à d'autres morceaux plus petits.
 

        En Septembre 1969, trente et huit ans de guerre, guérilla, maquis, prison, discussion, pourparler, trente et huit ans de mort, fuite, enculade, rebellion, appels à la lutte.
        Alors Monsieur Hô décida de tuer l'épouvantable légende tragédie orientale, posé le masque sur son visage, marqué ses traits, chaque ride, que chaque morceau d'insuffisance rappelle l'en-avant du bombardier lacheur de bombes, du porte-avion lacheur de bombardiers, du gouvernement des Etats-Unis d'Amérique.
        Quand et à quand
        sur la jungle
        son nom/ amateur de puissance/
        de la finalité.
        Surprise du final
        fatal. 1969.
 
 

ô les mains vides et libres, écrase le verre /massacres d'Hanoï -Décembre-/ Hô les jambes crevées, poursuit sa lente victoire, et son squelette: irruption de grains épais à son visage, des gouttes larges éclaboussent sa vareuse, les habits d'un tu-ve le protègent des explosions de terre, éboulis.
        Than allongée, épaisses cuisses sombres, la créature verte, souffre la colère jouissive, vibre Than de la longue langue peinte, à sa bouche un rictus nouveau.
        Attiré à ses seins, pendu sa chair à ses pieds, gisante femme verte, recouvertes nos fesses de sa chaleur huileuse: Hô fuit. Cueillette de la salive de Than essuie le sperme enfoui au nombril /retirez-vous sur la gauche Monsieur Hô/ allons vers la salle édifier un pont /flot de l'eau courante, crue nouvelle et meilleurs voeux de Sainteny/.
        Erecte
        et puis/
        millénaire de l'homme
        jaune/.
 
 

        Hô -vaste dorsale courbe- se retire sur sa natte -vous savez Monsieur..., j'ai encore un espoir- laisse la pièce vide, sa présence, assis: remède à la perte de Monsieur Hô.
        Hô Chi Minh Ville -ronde des pleureuses- 1969, une semaine de deuil -ronde des pleureuses- rappel de son visage, de ses mots /peuples du Tonkin, d'Annam et de Cochinchine, peuple du Vietnam, du Nord et du Sud/ les avions qui survolent le ligne-parallèle /peuple communiste/ achèvent parfois leur course sur un arbre viet.
        Le rythme binaire de ses pas s'arrète, un présage, vous allez tomber Monsieur Hô, une augure dressée (tressée la liane), sur son passage une motte de terre arrachée (sol juteux, gonflé et engraissé).
        Un ami me demanda si je savais la mort de Hô, si, comme cela il pouvait repartir -déplacement lointain au palier voisin- étrange apparition (une silhouette fine). Dans les chiottes avançait la merde (le caca de Monsieur Hô) pour étouffer la tuyauterie (il était mort dans une canalisation étouffé sous la merde made in U.S.A.).
        Les crottes en forme humaine (trempé le doigt et y gratté un corps), chevauchée furieuse, les chutes d'eau, disparaissent lentement (écoulement difficile -ouvrez la bouche Monsieur Hô- il fallait tout avaler -les pires compromis-).
 

onsieur Hô dirigeait le gouvernement provisoire, sur son visage anguleux et embarbiché, découvert à la lueur de l'ampoule, la volonté du corps jaune vers le pouvoir, la parcelle de territoire.
        Sur le levier de vitesse, dessin ramené, sa mort -1969-, fatal rapport d'un univers -Than, 1946, Hô- et plus loin -4 Septembre- Hô assassiné par les uns, Puissants (son pouvoir déloyal), poussé à en finir (guerrier héros poète armé, mitrailleuse au corps).

        Cherché longtemps encore l'atmosphère humide, où circulaient les marins français /Marines aux gros bras sans transition ni chaleur/ les colons et leurs femmes /personnel administratif U.S. sans foyer ni famille/ les réunions de lettrés vietnamiens /tous ont fui, suicidés de force/ -retour au pays claqué-.

        Entenaillé deux Marines, nez cassé /recollé quelques morceaux et maudit armée d'occupation/ vengeance, troqué à Toun'Chi des renseignements inédits (cartes), vietminh, vietcong, vietnamiens et recuelli-logé chambre d'hôte poseur de bombes, attentateur en puissance /par engeance/ -aidé création de martyrs- me réveillai sur les lieux de cadavres, entre les lignes, quelques points casqués cernaient le ravage, "French?", laisser-passer en règle, bon et du format jusqu'en bas de la rue.
        Rencontré Hô Chi Minh une nouvelle fois à Hanoï (ne me comprenait pas). Tout casser /humanisme biculturel sino-français, obscurantisme meurtrier-monocultivé: et eux sans culture si ce n'était l'histoire de leur impérialisme/.
 
 

uand Than s'allongea (le navire, les nuages sales) tardivement -endormi équipage- je rêvais d'un amusant personnage, chose musicale, éculée et encoinée par le côté gauche -poing de marin- elle dut m'arrimer à son corps, de ses bras et jambes, tordue et entortiller mes membres.
        Au petit /Tout petit jour
        nos visages gonflés
        les passagers (ères)
        qui passent/.
        En contre-joues (face à face, cahin derrière, quelqu'un ressemble à Than par-dessus mon regard ses chaussures me vont bien, serveuse à Than aguichante) nous voguâmes (âmes) -permettre leur entreprendre courtes noces- et baissâmes -baisâmes- à la mémoire des morts d'Haïphong (combien d'essais pour trouver le trou enterré le frère de Than isolé entre deux plaques d'acier). Les pierres d'Haïphong.
 

        Sous-vécu -Paris, 46 à 49- comme un numéro de téléphone, des dates charnelles, charniers divers destins: Mr Nixon a encore souri dans mes visions d'hier, Mardi, extensible sparadrap à trous, trous dans la ville, édifices perdus, je n'avais pas revendu son corps.
        "Vous la faites à combien ?"
        Position à virer, été viré, vendu le corps embaumé, partiellement emmusé, à crever.

        Batiment partiel monté à sa mémoire, jamais revu l'équilibre jeune de son bassin, Than, de ses hanches enfouies, giclé insecticide dans la pièce, Than revisité. Aurais du crever.
        Petit youpin à barbichette, de ceux qui ne sont pas revenus, pas parti, m'a acheté celle de deux mon plaisir; dépensé tout, seule envie, tout remettre au compte commerçant. Un demi, deux, beuverie accompagné d'un poivrot aux lèvres écrasées.
        Poursuivi cette image (cire) désespérée.
 
 
 

qui appartenait la chair (douze francs du kilo) -soixante jours- des toiles allumées un grand feu (m'éviter de les vendre), auparavant photographiées (le noir et blanc) des contrastes de son os facial droit -pourquoi ne m'aura-t'elle jamais peint ni dessiné-.
        Longues traces sur sa peau teinte, sueur de mon morceau-sécrétion poreux (entre mes vingt trois années d'anexistence souvent réfléchi à Than) en pire perte.
 

        Les références temporelles, ad mortem, le bout de l'index tremblant, je caressais un corps /chant/ comme un poil de chat pénétrant mon ongle /chat/. Respirez fort (ouverture des guillemets sans douleur), "en effet vous avez un problème thoraxique" (sic). M'étais affalé sur le trottoir (-1969- mort de Monsieur Hô) à la poursuite de la foule aphone /minimisais mon escapade/ entre des personnages, un personnage.
        -espace valium- À Than (an nouveau)
        attaquée par la mémoire
        (à voir, à boire)
        sur son lit.
 
 

        Il fallait sortir (ouvrir la porte), découvrir, ce qui gisait à même la moquette (immonde, le parquet ciré, la terre débattue, le carrelage fendu) observais d'en bas la paume des pieds, effleurant /touché, touché/.
        Un ministre de l'intérieur envoyait des troupes en Indochine /MIné de rage/ encore /TERré derrière son bureau/ pour mater /garde au RANg/. Des gouvernants-gouverneurs sans frontière. Discerner l'espace (avec Staline traçai un trait, ça pour toi et moi, kif kif: Staline rigolait dans un coin de table).
        -Pour tout dire Hô s'était suicidé-

        Hô répartit ses pieds à même le chemin (même si le chemin était inondé), plouf (comme une sandale) et plouf se succédèrent. Il allait -son conseil de fugitifs- entre boue et pluie de mousson (savait-il nager, sa barbiche en tant que bouée salvatrice). Les digues du Tonkin avaient sauté derrière eux -la population vivace qui sautillait-.
        A un village de Piémont, le guide appela deux hommes, puis tous les hommes, s'expliqua, laissa quelques écrits et quelques armes pour son retour. Incertitude d'un gain à sa cause, il souriait, confiait aux individus (et ceux-ci seraient là plus tard). Ils y dormaient.
        -Si la lutte passait par le soutien du         peuple
        son sommeil et sa conscience physique
        en étaient d'autant plus nécessaires,
        afin de ne point s'aliéner un corps
        déjà atteint-
 

ais lui dresser un portrait -si peu réaliste- sans a voir à la décrire mentalement (qui cachait sa mémoire et ses plaisirs de façade), sans avoir à saisir ce qui le poussait à négocier sans cesse. S'immobiliser à sa barbe, au Vietnam et Than, trois éléments que je connaissais, sans m'attacher aux autres, puisqu'à l'époque je les avais occultés. Ces êtres qui lui étaient dévoués, sans liens évidents, ces corps en mouvement, étêtés, un visage, un seul, le sien.
        Le journal me rappela en France, Hô, parce que j'avais rencontré l'illustre mandarin. Than accepta Paris: partir à l'enquête de mort d'un marin (Jean).
        Ai passé la passerelle, serré main équipage (des mains roses et soignées, gantées), surpris leur regard à Than, vitrine non achalandée, avait reçu une pièce dans le coin gauche, un mauvais gain. La chaudière et les chaudronniers, leur chaleur intenable, puanteur, travail physique si physiquement insupportable -odorat nettoyé-.
        Dans la réception (une salle assez simple) à une table, un vieux couple de colons vers la métropole, un temps, et vous (moi). Than éternua, une joue encore gonflée -assassins/jaunes- la poudre du visage Than s'effondrait à la charge de quelques larmes -sa peau et sa peau brûlante-. "Ainsi donc...".
 

        (Sur le pont) Than et moi riâmes -le repas- croisâmes nombre de ceux, exploiteurs de nains jaunes, ouvriers blancs, patrons blancs contre ouvriers jaunes -guerre de libération capitaliste-, ces marins et officiers d'armée, gardiens de la Libre Indochine.
        (La coupe renversée)
-Chaleur épouvantable- André regarde son bras, maillot taille au corps, goutte de sueur -déjà- poils bruns, allongés, peignés par son fluide -il appelle- Bernard qui passe dans le couloir, depuis sa cabine, Bernard entre. Senteur de sperme.

-Cigarettes à la bouche- Ils parlent: leur voyage, la pointe africaine, Madagascar -marre des culs d'hommes velus, un besoin de femmes, de corps cirés, finesse, de jambes, seins, enfin des seins- ils vont devoir grimper au pont-avant, pour la présentation au général du port -tous dressés- Marins de la France -tous habillés, certains de blanc, besoin d'alcool aussi-. Ils attendent l'appel, lourdeur, épaisseur de l'atmosphère (l'air chaud monte, se heurte aux nuages, empêche l'air de monter, l'autre de descendre) Saïgon (ils sont venus pour faire exploser une ville). Un temps plus tard, ils le sauront.

Un peuple millénaire va prendre
prend les armes pour ne pas les
relacher trente années à mordre
 
 

        Ils marchent vers les boxons,
ruelles, quartiers libres, pour deux journées, la ville coloniale, s'ouvre, encore, ouvre les lèvres, nombreux marins, nombreux hommes, putains.
        Amenées des campagnes de l'Annam, parfois blondes délurées, dépotoir de France, des danseuses: ils entrent, une entrée de service, qui y ressemble, et tout de suite la fumée -des odeurs de sueur- un brasseur d'air ventilateur antique, tournoyeur, qu'ils observent -s'asseyent- commandent, verre de vin chaud, saupoudré. Santé.

        Sur le quai, le vaisseau, croiseur du drapeau, les gradé de service passent devant les hommes -parfois présentation- le capitaine -untel, untel, oui-
        les hommes loin de leur terre, bruns, voutés, trapus, des costumes et un semblant de propreté. Pour que les colonies françaises le restent, nouveau front ouvert. Communisme,
        discours pointu et court, médiocre: le communisme s'est développé, dans les campagnes, dans les écoles, ils enseignent le communisme. Et ce fut le début de la libération.
 

        André a repéré celle qu'il veut, désire
                                                            pénètre, Mlle Li,
        Mlle Chu.
        Il grimpe les marches, plusieurs besoins. Il bande, tranquillement, ne se presse pas, aime à sentir sa queue chaude, brandie contre la paroi de son bas ventre, aime à la faire se mouvoir, gauche-droite. L'asiatique est nue, les yeux un peu gros -à son vagin étroit- les lèvres se referment encore, sur le membre. Il peut deviner qu'elle est presque jeune, le nombre de clients ainsi entrés, peu d'activité -elle sait- remuer ses muscles fessiers et ventraux, nombre de bites peu important. Mais elle ne jouit plus.
            Et comment jouirait-elle?
                                        André éjacule trop rapidement, mais il va recommencer, une clope, il est de
                                        nouveau sur elle -pour plus de temps- comment jouirait-elle? Allongée, en attente
                                        d'un plafond écrasant ces crânes -elle voit leur langue, menton, narines- ils ne
                                        sont que des fronts. De la sueur.
 

        -Mlle Chu sera égorgée- elle est perdue -traître- sale jaune. De toute façon n'aurait pas survécu plus longtemps, trois ans peut-être -1949- puis, elle sentira
        une autre jouissance, celle du couteau, du sang, sous la gorge, qui coulera à son corps, un autre liquide, lui appartenant alors.

        André sent son éjaculation. Il en avait besoin. Encore. A la table, Bernard observe -la danseuse dépliant ses jambes- les marins caressant cette peau asiatique, si différente caressant ces culs -un grand homme enjambe, tourne, faillir tomber, s'aplatir, se retenir à la femme qui l'accueille: elle est là pour s'ouvrir, le fait bien- une danseuse vaut plus chère au lit, peut l'abimée. Enculée, elle dansera moins bien.

        -Bernard, vint cinq ans, embarqué -il aime ces corps qui s'animent- quelques besoins plus tard les désirera, se taira, les désirera, se glissera contre eux, les enrobant, les pressant.
 
 
 
 

        (hapitre: Mlle Chu.
        Mlle Chu passe -une glace au-dessus du lavabo- elle tend, une main, et nettoie, tente de tout enlever /tout ce sperme qui ternit son rose pubis/. Lorsque l'homme l'attendra, un poignard, un geste fatal, perçant une plaie au cou -lorsque l'homme l'atteindra- Mlle Chu aura un cri, une douleur; elle s'affaissera, les mains sur sa pomme à toucher, du sang, au-dessus de sa robe, elle remontera le pli de sa jupe, soulèvera son slip, attendant, l'arrivée du liquide chaud, un autre liquide stagnant -rouge atteinte-. Elle se sentira en elle. Mlle Chu aimera. Sa peau /incorrectement cirée/ pas très belle.)
 

        André redescendu, hagard, Bernard tourne autour, chacun a bu, une grande ronde familiale installée -partie droite de la pièce- il s'assied, termine son verre, Bernard l'invite à participer, nombreux marins tournoyant, véritable chapelle. André veut rentrer à bord, s'allonger, dormir. Il ramène Bernard. Bernard tourne toujours, autour, poteau-borne-voiture, André, il tourne, multiplie sa fatigue, avance, spirale, il rit, la passerelle émerge du quai, entre le quai et le vaisseau, la grimper, escalader. Le lendemain, scénario similaire.
 

        Une rixe plutôt qu'une ronde, abandon de la danseuse -de Mlle Chu- pour frapper, défoulement musculaire, avant l'internement au navire; ils se battront tous, poings, pieds, ventres, couilles, gueules, s'abimer la gueule /bien laisser sa trace/.
 
 
 
 
 
 

        -Départ de Brest (la brume matinale) Brest détruite (brume sur les ruines) sur le vaisseau: amarrer un vaisseau de guerre à Saïgon, y reposer ses marins, aller casser une ville, casser du jaune, et puis, égorger des blancs. Amener des brancards,
des batiments de brancards.

        En cent ans, dans ces limites de
        l'humaine carrière, comment talent
        et destinées se plaisent à s'affronter !
        A travers tant de bouleversements, -Mers devenues champs de mûriers- que de spectacles à frapper douloureusement le coeur!
        Oui, telle est la loi: nul don qui ne doive être chèrement payés, et le ciel bleu jaloux a coutume de s'acharner sur le destin des joues roses.
        "Kim Van Kieu" par Nguyen-du

        -Bernard s'éveille -lumière qui brise la pupille- la gueule, il observe un instant:
        pied, hublot, lit à double étage, André, la couchette supérieure, jambes écrasées, alcool. Il se souvient à peine, touche sa joue droite, un hématome, sang bleu, la glace au-dessus du lavabo, deux pièces plus loin, déformé son visage. Il tente de remettre en place ce morceau de chair, pommette tombée sous l'os facial, gueule s'afaisse.

        -20 Novembre 1946- le navire va repartir, il déchire le jour d'hier, André, les jambes dans le vide, s'habille, la queue usée sur Mlle Chu. La machinerie en route (Saïgon) vers la baie d'Along, message urgent de Valluy, rejoindre Haïphong -le 23 Novembre, télégramme historique, Débès ultimatum à la révolution viet- il leur faudra deux jours, mais ils y seront /André est canonnier/.
 
 
 

        (hapitre: Mlle Li.
        Mlle Li -née elle aussi en Annam, campagnes pauvres et féodales, propagande marxiste- recrutée à quatorze ans pour une partouze dégénérée signée Bao Daï, s'enfuit vers le sud, une plaie au sein droit. Elle apprit à danser -la tenancière du boxon le lui apprit- attraction, la finesse des membres de Mlle Li, son déhanchement: elle fit recette. Mlle Li dura longtemps. Les hommes adoraient enculer la grâce
        briser une articulation. Aussi dut-elle apprendre à jouir analement. L'anus positionné de Mlle Li.)
 

        Le front dégarni du commandant en second, paire de lunettes miniatures et monture dorée, cigarette ronde posée sur le cendrier, un petit verre de cognac, Julien hume la fumée qui escalade son visage. Il a rencontré /il part/ navire sur Haïphong, il va monter sur la passerelle, admirer les côtes indochinoises /la baie d'Along, jamais vue/. Hésite à réprimander Bernard. Il a les yeux levés, il sourit, la rixe a du bon, l'eau aussi, il l'envoie à l'infirmerie, vérifier si rien n'a cassé. Il a mouillé son uniforme blanc, rentrant de chez Mme Zeï, une maison soignée -réservée- pour officiers, avec les mêmes femmes jaunes, plus de commodités et de soumissions, décharger entre des jambes bien lavées, prostitués qui limitent le nombre de queue, et le déchirement vaginal.
 

        Haïphong, 23 Novembre 1946

        -Le "Suffren" et l'amiral Baltet reposent déjà dans le port, ancré, un peu au large des quais (il va tonner), canons levés et armés, deux heures avant. Les habitants n'auront pas déserté la ville.

        -André a saisi son poste /artilleur/ plus loin Bernard /artilleur/ ils observent les milliers de personnes, futurs cadavres déchiquetés /futurs ensevelis/ /éclopés/. Abimer les corps qu'il aime, Bernard, ces corps qui ne s'animeront plus, ou à moitié, au quart, dixième. On bombarde. Extermine,
        tue et
        massacre. Il faut entendre ces cris répétitifs -carnage- si belle une ville qui flambe et explose, si tendre un corps découpé; on peut s'y prélasser, un visage, une jambe, elle ne servira plus (longues années). Tous ces cadâvres, sentir ces chairs flamboyantes incurvées à la cité /caresser, embrasser, bouches oubliées là/ canons qui ensevelissent; André et Bernard n'étaient que des canons, s'immisçaient dans le cutané ferreux.
 

        Quand Bernard est rentré dans la cabine, assis, saignant, une ouverture, auto-poignardé en haut du ménisque, la langue enfouie dans sa blessure -impression du cunnilinctus- se faire l'amour, comme à une femme, parcourir ces deux lèvres, blessure dégoulinante, appuyer la langue, rouge, alors, caresser de sa salive la plaie.
        Les multiples plaies frôlant son corps.
        André regarde Bernard, habitué aux multiples auto-mutilations de chair, à la recherche d'un jouir personnel -André voyeur- sent l'éjaculation de l'homme proche.

        -Quand le sang multiplié forme la mare, André pousse un gloussement, il frappe (dans ses mains) Bernard s'arrête, attaque l'alcool à quatre vingt dix degrés, frotte la blessure, encore plus de souffrance, rit, jette un rire /lui la plaie, le couteau traîne sur le lit/.

        -Ho Chi Minh Ville.
Quand Ho meurt -1969- avant -1946- les troupes du vietminh répliquèrent au bombardement d'Haïphong par le saccage des quartiers européens d'Hanoï. Tuent Violent Enlèvent Egorgent, puis joignent et prennent la campagne, au nord-est du Tonkin.
 

        -Haïphong, port détruit.
Les tu-ve écorchés, proximité de nombreux corps, vingt mille morts peut-être, pas de recensement /les morts, cadavres exotiques/ un nécrophile, fouillant telle ouverture, y enfonçant la queue, amour d'un autre âge.

        -Le médecin du cuirassée observe la plaie, les cicatrices, nombreuses, du corps de Bernard -il sait, ils le savent tous, introverti, jouisseur de lui-même, le regard baissé à, ils s'observent, tous Marins de la France-.

        Les rues d'Haïphong (quelques heures plus tard) Bernard et André redescendent sur Saïgon, acclamés par les flots -les corps démembrés- ce sont des jaunes, enterrés, puanteur, moisissures accrochées aux plaies, aux immeubles cassés. Les troupes sillonnent la ville -sous les appels des lacérés, souffle des explosions contournant les torses, chair ouverte-.
        Des millions de lignes.
        Bernard bouffe, il a faim /une viande saignée, acuite/, attirance vers ce liquide, cette mixture bleutée et morte /aucun regard aux légumes, pommes de terre étalées qu'il transforme en bonhommes de neige, dernier plaisir/.
        Des milliers de pages, une pour chaque mort, chaque être exterminé. -Ils vont mourir, tous, de vieillesse de poignard de balle dans la gueule-.
 
 
 

        (hapitre: Madame Zeï.
        Madame Zeï était née là -Saïgon- dans la clinique des Soeurs de la Bonté, bâtarde cochinchino-sino-franco-commerçante. Sa mère employée domestique aux tâches matinales et tardives, un couple de colons, négociant du caoutchouc. Une histoire normalisée. Et l'on avait ri. Madame Zeï avait pris sa revanche, installant un lupanar luxueux, pour gros blancs mollissants et officiers en manque de défoule-couilles /son lupanar/. Ils étaient priés de respecter les putains ouvertes. De nettoyer leur queue.)

        Julien entame sa rentrée sur le navire, seul /toujours/ insatisfait du plaisir éjaculateur, digne, la nuit tropicale affalée sur son crâne; il nettoie souvent sa paire de lunettes, s'essuie le front au chiffon, ce soir là il va découvrir le cadâvre de Bernard. Un cadâvre
        entrave
        la marche forcée
        de l'homme,
        le bel officier,
        se penche, plaisir inoubliable.

        -Julien se souvient des membres étalés /la femme laissée au bordel/ des membres flasques /il s'y était enfoncé, jouissance semi-automatique, décharge à plusieurs coups, ces muscles qui bousculaient son pénis entré, sorti, asiatique qui des doigts et de la bouche, asiatique dont seul le toucher exerçait sa fascination/. Il caresse le visage de Bernard, face marquée à mort -la claque, genuflexions- il retourne le corps, poignard enclavé jusqu'à la crosse /il est fou, le jaune est fou; pas de nécessité objective à enfoncer aussi profondément une lame/. Tâches de sang écoulées.

        Bernard ne sentait pas l'approche -il avait bu, il avait baisé, vomi, se baisse pour vomir- le patriote assassin, du coin gauche, à l'angle, surgit, plaque le marin à terre, et plante le poignard. Bernard sentit alors une haine féroce, de n'avoir jamais pu se faire aussi mal. La plaie mortelle trop éloignée de ses lèvres, langue, aimé jouir une dernière fois. Ameutement tardif, corps jeté à la mer, souvenir partagé.

        -André observe les funérailles, bruits militaires, juxtaposition de son envie à Bernard, hommage perdu /ventre à mer/.

        Annamite, d'avions larguées les lourdes bombes /il avait creusé son propre pouvoir/ le parallèle /ne pas le revendre/ une ligne surnaturelle /et mourir/ entre une terre un trait.
        En 1946, à Paris ramené la jeune Than, depuis l'avion encore humide, condensation lourde de Saïgon, morte sous-alimentée, Monsieur Hô, retiré les gouvernements, un signe. Les deux pieds à terre.
        La jeune Than
        cadâvre vécu
        la guerre depuis la jungle
        une rivalité de jaunes.
        Sa moustache noire tombante à son menton, gorge ouverte, court Monsieur Hô, court, victoire, bombardement, Haïphong, dé-signe l'accord.
 

        Than déplia ses jambes, le jeune marin éloigna son ivrogne ami, observa la peau; André voulut la relever, Than rit, son bassin crevé, difforme et déformé, de naissance et d'un poing, Than sortit son arme, accrocha l'épaule d'André, d'une main maladroite, planta, et recommença, d'acharnement charnier, ses doigts s'enfonçaient encore en corps, Than, s'appuya sur lui, rampa, une porte, et puis j'ouvris -Novembre 1946-.
        Porté l'humaine, menus seins bleutés, sang tâche rapport texte sur les bombardements d'Haïphong, n'enverrai pas celui à Paris, rapport texte imbibé, se décompose, papier mâché, il fallait arrêter la fusion de la peau, de l'artère, avant que tout n'explose. Espace gris.
        Le corps resta à Than.
 

mpression de Hô (portrait auto-détachable) possible -réduire l'activité sans en réduire la force- miraculeuse: il fallait n'en garder que le contour imprimé (de toute façon image noire et blanche).
        - Vous avez singé l'homme. Et la nation /revenir à la nation/.
Les directives du maître -incessamment écoutées- sur les territoires du nord -Saïgon encerclée- circulaient entre les balluchons nomades (parfois collés à leur peau), de serfs inféodés -révoltés- aux jambes lourdes -la femme écarta les cuisses et retint sa respiration; une fine particule de coton enveloppant se détacha de ses lèvres, et les guerriers purent entendre la lecture des mots du guide-.
        Et puis, son côté de survivant/
        l'avoir laissé en vie/
        toujours/
        alors pour sa mort/. Un suicide.
        Il simulait (stimulait) le pouvoir (et voir après était gerbant). Le communisme de la nation à trois blocs inégaux apparait inapplicable -et pourtant l'appliquer-. De la lutte contre (colonisateurs blancs, envahisseurs jaunes, envahisseurs blancs) à l'imposition (population jaune et analphabète) de l'idéalisme d'un vieil homme mort -le paysage étroit d'où se jetaient les fidèles-.
        Monsieur Hô décida de lever le campement (soudain il avait reniflé le danger, des populations nomades de hautes montagne au pouvoir du colon; il les savait proche -sauva son combat-), y délaisser trois sacrifiés (avoir prêté serment de leur mort). C'est vrai qu'avec sa barbe il ressemblait à un singe d'hiver. Passe à un.
 
 

        Un petit photographe exotique souriait, l'homme attend, s'approche le jeune Nguyen, parler à votre, petit homme, le langage, déridé, large artère du front soulevé.
        Dans le journal
        une autre guerre
        antérieure
        un mort
        pas comme les autres
        morts
        du Vietnam -1969-.
 
 
 

        A l'annonce de sa mort, divagué, une avancée, pointe fendue, sur la foule allumée, craché les oreilles, arraché le poste de radio, la prise folle d'électricité.
        Petite foule de travailleurs émancipés.
        Lâcher la bombe.
        Un mort pas tout à fait semblable
        aux autres morts
        du Vietnam -1969-.
        Quand un héros meurt. Poète-Guerrier.
        Les joues roses.
 
 

        La nuit, une tente hissée, le dos creusé dans l'osier, mal, endormi, ses sandales et sa vareuse, son petit saut sur le côté, et puis il était mort.
        D'une sale maladie.
        Une double page.
        Dans le Q.G. vietminh en acte, petits colons blancs, exploitations de caoutchouc et exportation, le napalm, des évènements qui s'entrechoquaient, une lutte dans mon crâne, l'image d'une barbe, d'un bombardier, de Kennedy, de Giap, de la multitude jaune.
        Une femme poudrait ses joues, blanc et rose maquillage, sur le lavabo du lupanar de Saïgon -1946- une danseuse au pied veineux, un porc qui applaudissait.
Spectacle ouvert.
        Salué la fange (ensevelir les cendres de Than sous elle, son corps au-dessus -survie physique inoubliable-) attablée. A la soupe (Monsieur Hô ne mangeait que rarement du chien), ses jambes, un garde du corps laçait un soulier -loin le temps du soulèvement humain-.
        Siniesque.
        Ce n'était qu'un autre tract
        une autre proclamation/
        Mais un appel
                        au gouvernement provisoire
                        à la victoire
 

'art de Than se terminait à cette femme verte (verte et pâle) à cet emmèlement incorrigé de son ongle (elle aimait à gratter son huile encore peu sèche -s'en enduisait toujours-). Sa peinture édifiée, accolée au sol, peinture paillasson.
        J'aimais à sa mort me brosser les pieds nus (des crissements semblables aux gémissements de Than). Ces personnages vieillots (à Paris, dessiné ces hommes-mémoires attablés s'enfilant des pichets rouge et blanc). Avalai un des verres de saké (en avais placé deux, trois puis cinq car elle buvait plus vite que moi) pour la rappeler à ma mémoire un peu -Elise ne comprit jamais ce que Than avait pu être (une femme jaune déformée par l'avant-guerre ne pouvait exister)-.
 
 

        Elise était sept blanches (rencontres sur les bords de Seine, un petit chiwawa me pétait les organes vocaux de piaillements appeurés. Plus tard racheta un dogberman pour m'éviter ses appartements).
        Elise avait la taille d'une femme européenne/
la teinture/
        hissant l'antisensualité exaspérante/
        ont-elles jamais joui/
        ne criaient jamais -hurlez donc/
        se tenaient prostrées après l'amour/
        le clitoris épais et refermé -inébranlable-/
        Mais elles étaient chaudes (chaleur entre deux seins fermes et ronds; m'y éclatais de nez, de bouche ou de queue, m'y dirigeais dès qu'ils étaient découverts, en attente) en course pour la finition sexuelle (bandais avec une rapidité parfois excessive) -perdu sperme immanquablement-. (Than le récupérait toujours /encore une fois souriait-elle/ Than s'en enveloppait comme par amour d'une température fragile et passagère, ne le considérait jamais comme déchet). Than puait la queue usée.
 

écit inespéré, ces marins embrunis, posé le peuple en phrases vertes, le million d'inassouvis accouplés -récit inespéré- anecdote d'une guerre massacre (les bombardements, vu et revu la petite femme violée au napalm).
        Senti raidir le bras droit de Than -l'avez bien entretenu- la vieille femme se décida -pouvez, cassez-vous- palpai le membre (comme des senteurs formolées) pour, grattai soudain la peau puis la chair sèche. Pour quelques heures j'avais repeint la peau cirée (Than à cirer).
        Tapotai
        sur sa joue (jouxte)/
        Than
        obligée à sourire -1946-

        N'ai pas vu commencer la guerre d'Indochine, 1931-1945-1946, trois dates qui arrosent l'Asie, d'une guerre à l'autre, Hô levé, Monsieur Hô levez-vous; il va sans doute crever.
        Me souviens un témoignage, curé bouddhiste, passant la vue à travers le juda, curé bouddhiste, établissant le lien -je peux mettre Monsieur Hô en contact-: il fut pris de transitions élastiques. Me souviens plus encore.
        Ses sandales crevaient dans le plastique, souriait toujours, revu le moine /la prison entâchée de Saïgon, jutaposition de corps soupçonnés, de morceaux de corps (membres) à peine survivants/. Arrosai les plantes-cendres volatiles/
 

        André et sa troupe, son aviso, avait amarré à Haïphong, observé lointainement la division tankiste déblayer les murs encore hissés, ramasser à la pelleteuse les corps poussés vers la fosse commune -André à la jumelle, un peu suffoqué d'une partie de son carnage, ne matait que son lieu de tir-.
        Porta sur sa nuque (une journée allongée dans sa cabine à attendre un nouveau locataire) -porta sur sa bouche la bière décapsulée-. Il s'appelait Gérard (machiniste recyclable, toujours deux à trois marins sous-employés -perte- devoir l'intégrer et le former).
        Sur son corps/
        aucune gravure
        ni tatouage,
        aucun signe
        de son hémoglobine/

        Than souleva la robe verte de la femme toilée /dans son avion Monsieur repart/ caressa un instant la peau /sa barbiche tombe dans l'air/ rose et pâle /personne ne pensa apporter un verre/ quelques plis de gras encrassaient sa jambe, il se déplaçait vers la bouteille d'eau, et son corps.
        d'Hô/
 
 
 
 
 
 

e charme de Than -masturbation de son clito oublié- décomposé (dans l'armoire, une senteur nouvelle): une vieille accepte de la prendre chez elle -installé entre ses seins deux doses d'encens-.
        J'aurais bien continué (nuée grise, le catalogue) et pensé pour plus de temps sur la table (vernie). Le navire avec Sainteny -1946- accompagné Hô -Than monte, parlé de décomposition, proposition "brûlez"- au croiseur et regardé la terre (huit-clos des discussions). La fermeté (de ses seins) de l'arme dure, Bernard fusionné au canon (l'évènement daté et perdu dans le sens de l'histoire -le plus gros massacre avait une sensation si douce, un coussin couvert de métal et une peau cicatrice-).
        André au sang froid.

        L'homme en attente -als das Kind Kind war- simulait la folie -il fut reconnu et encachoté- furieux Monsieur Hô écrivit ses mémoires, ses pensées-poèmes, sans trop sourire: il tira un peu sur la barbichette, la porte s'ouvrit (crissement du rat, du geôlier, des cocellulaires). Il avait un peu faim. Le gros chinois étalé, divagation paroles insaisissables, éclaté à l'opium (pom pom) (avait joué du tambour) l'amusait parfois -rien à faire, à écrire, toujours l'ombre- Monsieur Hô estimait son humeur et sa condition humaine. Alors il écrivait (simulâcre).
        Ses doigts osseux (ceux-là, à droite de la main, le pouce) étaient enfouis dans les poils de sa barbe (à papa Hô). Il fallait regarder l'être humain -sur les plateaux mal habités de l'Annam-.

        La galerie Erranam exposait /posait les toiles aux crocs/ des copies (conformes et pales) des oeuvres de Than /c'était un petit viet', jaune pisseux/ sans touches, retouches ni cosmos. Il n'était pas mort, j'allais le punir -déterreur de tombe- d'une main américano-gantée /ne plus le revoir/. Ce n'était pas lui, juste le représentant du Vietnam libre à Paris -Août 1970-.
A entendre les bombes exploser, l'habitant du lieu aurait pu devenir compositeur ou technicien de grosse caisse (et puis, avec les voisins, ils auraient formé un orchestre). Quitté la galerie.
        Après avoir dessiné un bombardier -livre d'or-.
        /Dessiner des paysages apaisés lors d'une guerre aux défoliants, de braves paysans en sourire/. La mémoire morte avait un potentiel de bits supérieure à la mémoire vive /mais elle était intouchable/. Il fallait y faire irruption /laves et cailloux, morceaux de terre arrachés bousillant une voiture -oh la belle rouge- sur la gueule/. J'avais toujours suspecté la mémoire /partiale/, le volcan /éteint/. Le sol n'aime pas la guerre, les cicatrices d'explosion; le sang humain est un mauvais engrais /quand il y en a trop, en s'écoulant, il lamine le terroir/. La lune rose -les fesses pleines- la vessie -s'abaisse- les gogues, relacher les muscles urinaires /exemple d'un moment passé à observer Than pisser/.
 

        C'est avec un oeil que le couleur prend forme, vivent les contournements multiples facettes de l'être, le physique incertain de la créature, la face cabossée de Than, tout cela pour un instant du regard, refermé les yeux sur le divan, froideur de l'hiver, les deux femmes complotent, sa mort.
        Les bombardements d'Haïphong.
 
 
 
 
 
 

ême en Afrique -1964- me souvenais dernier visage (celui encore plus blanc, décousu) et pleuraient (des larmes équatoriales qui s'affalent et drainent le sol rougeâtre).
        De retour à Saïgon -Septembre 1967- G.I.s enturbannés, remontai les rues cassées de chars -à quant, à quant, arrivai finalement à me rappeler-. Passai entre population rajeunie /vieux amis -1947- entrevues idéologiques parties du nord/ et avide, dollars effondrés des poches, chocolat fondu, vingt ans après l'Europe anéantie le Vietnam en guerre civile découvrait l'Amérique (visage de libérateur-conquérant de suite découvert) impériale. Jeunes femmes traînées de bordels en rues découvertes, de camps retranchés en camps recouverts (de boue avant que les corps mutilés ne la remplacent).

        Un être à barbe grise déposa une toile neuve et blanche sur le palier, sonna deux coups, la porte, cria et recria le nom de T... Than, mais Than resta close.
        Jamais elle n'aposa son doigt au tissu tendu.
        Mais Than
        peur de la fin minimale
        cloisonnée
        adorait la lumière.
 
 
 

        Than était une jeune dessinatrice, elle passait son pinceau (sur) le papier, impérieuse, reversait sa vision d'hier, du cabaret, du gros porc, de la lumière, s'arretait, corrigeait de l'ongle l'index, enduit d'encre, la chemise mal froissée, la sueur au cou. J'achetait la toile de Than.
        Mais Than était si laide.
        Son pied-bot, cahin, ratait parfois le pavé, la figure cabossée, un poing de marin, son déhanchement saturé, elle ne pouvait plus dessiner: sa beauté.
        M'avait montré ses dessins antérieurs.

        Salué la main du directeur du port d'Haïphong /n'en restait que la main/ et salué les édifices enfouis /HUE-Hué/ tous les porcs blancs d'Hanoï allaient se voir éventrés /soi/ violés /soi/. Une révolution nécessite du sang coulant, roulant même /m'aime/.
        Ils étaient cloitrés /maison/ avaient cloué portes et fenêtres /armoires-armoiries de famille/ protection militaire-terre du Vietnam. "Fermez vos gueules" (gueule bouffie du gros colon). Des domestiques encore présents /ceux qui auront le plus mal/ une jeune fille /typique/ enlevée-retrouvée dans une rizière tonkinoise /dents à corps/. Anatole-le-porc-blanc soufflait difficilement par le cul "Allez, plus fort" il leur fallut lui élargir le canal -couteau emmerdé- les vietnams amusés "Amusez-vous pour vous vengez, c'est plus drôle".
        Santé! (son foie circulait de main à main).
        Than irrite sa partenaire, écrase son doigt tâché, le regard de la créature, enfonce son doigt et caresse, s'efface, point de couleur et sourire au faciès. Refermé les yeux sur le divan.
        Lancé la femme/
        au visage vert.
        Suivi Than/
        poudrée de blanc.
        Elle enfourche, le tablier qui tombe, le chevalet pavé de toile, reçu cinq sur cinq la créature sur le corps, couleur et dégoulinure peinte à ma peau (sur), la danseuse du bordel.

        Giap tirait la gueule. A Lang Son -abandonnée- armes-explosifs, perdus douze soldats dans un essai collectif de joie. Pris trois points cardinaux frontière chinoise.
        Pris les deux tiers sud -U.S. abandonnent- chargé ses soldats. U.S. continent mort. Jaunir la péninsule américaine sous la masse asiatique éveillée/réveillée en sueur rouge. Les morts tiraient la gueule. Aspiration destruction.
 
 
 
 
 
 

n nouvel envoyé spécial (Kissinger pissait tout seul dans l'urinoir. L'obliger à déféquer avec un aide social, en le cassant). Le brûler totalement /invité sous un balayage de napalm/ lui enfoncer dans la trachée artère un peu de soude, le brancher indéfiniment sur la mémoire collective vietnamienne. Hémisphère bleu avant de l'envoyer à la mort.
 
 
 
 
 
 

'autobus essémait les portraits d'Hô à Saïgon tombée -1975-. Des portraits bon marché peints au million (pour un million d'exemplaires de Hô). Faire peur à l'américain (un million de Vietnam, de Cuba) -lui peindre sa fine toison blanche-. Dans son testament il avait menti -reconstruction impossible- persévérait et cachait son impuissance future. Ci et là des rizières en arme (l'armée populaire). Venger les fossés communs tranchés.
        Radio Vietnam porte plainte devant l'O.N.U. Mort de Hô.