Monsieur
Marc & Maurice
il va sans dire qu'il pleut trop finement sur ce
qu'il est demeuré possible de recouvrer se souvenant pour qu'il
soit loisible au requérant d'obtenir le souhaité de la conscience
papillonnante de son obligé cet autre il à son tour entré
en présent postérieur le sujet de mémoire Bergson
l'impersonnel tout singulier partant nuageux troisième personne
singulière absente du bouquet objectif et pardon asymptote E.T.
On
m'appelle On peut m'appeler l’homme caoutchouc : «
pourquoi ma tête de lune à la peau claire se répète-t-elle
comme un clairon ? » On dirait qu’elle est vide qu’elle
ne peut pas penser On dirait qu’elle est faible et molle et
inactive et poudreuse I. portrait d’un homme qui passe
tout son temps (il est trop nerveux pour continuer comme ça
mais il fait des contorsions) : la pierre sur laquelle il est assis peine
à porter son poids il se contredit se débat et se traîne
On dirait qu’elle ne veut pas sortir qu’elle n’a
rien à dire croit-elle une chose voit-elle On dirait qu’elle
n’est pas là, amusée, dans un cercle noir
Maurice (sa
main humide) était banal, il ne voulait pas, je voulais être
mieux, en dépit des apparences, Maurice
n’en avait pas, je n’avais rien, j’étais là
à croire des choses spirituelles [j’essaie
de réfléchir à quoi je réfléchis je
voudrais réfléchir mais je n’ai rien à réfléchir
comment fait-on pour bien réfléchir ? j’essaie je
voudrais avoir une réflexion brillante et utile pour avancer je
me mets en position (c’est comme penser) problème je n’ai
rien à réfléchir car je n’ai rien à
faire je ne fais rien donc c’est facile contradiction ça
ne sert à rien de réfléchir quand on n’a pas
besoin car je n’ai pas de but je ne cherche pas à faire quelque
chose je ne cherche pas à concevoir composer élaborer je
voudrais réfléchir pour le fait pour la position l’activité
mais je n’ai pas d’objet je ne peux mobiliser mon attention
c’est difficile je voudrais faire comprendre que (c’est difficile)
je voudrais avoir quelque chose idée projet construire par exemple
une argumentation solide que je pourrais aussi défendre comment
dire la pensée est vague, normal la pensée flotte]
On dirait que ma tête est loin (qu’) elle ne peut se
concentrer se fixer un sujet exercice (qu’) elle est dissipée
(elle a des limites des bornes –ne pas les dépasser ni les
franchir –ne pas passer à travers champ) On dirait
qu’elle s’échappe qu’elle ne veut pas creuser
aller loin développer elle n’aime ni le flou ni le tiède
Marc était
orgueilleux, j’étais orgueilleux, comme il en existe, Marc
était risible, je me débattais, moi-même qui voulait
toujours autre chose, je m’agrippais. Maurice
n’avait pas l’esprit nécessaire, j’avais des
limites, je voulais passer de l’autre côté, je croyais
pouvoir y arriver, à force elle ne dit rien pourquoi
refuse-t-elle d’avancer ne veut rien muette & ronde (un silence
autour d’elle) une chose bute sur ses parois (cogne et) n’en
sort pas pour être dite des lignes de fuite partent de son centre
heurtent son enveloppe rebondissent à l’intérieur
reviennent sur leurs pas repartent
Maurice a tout fait mais il n’était
pas quelqu’un, j’ai toujours cru que je valais mieux. Marc
le prétentieux, je ne me poussais pas quelque part, je ne trouvais
rien qui puisse m’aider. Maurice allait
banalement avec au-dessus cette croyance qu’il pouvait être
autre chose elle n’est pas organisée elle ne raisonne pas
(elle seule sait ce qu’est le poids d’un homme qui ne se ment
pas le vrai prix de celui qui ne ploie pas - droit comme un piquet)
II. portrait
d’un homme qui n’aime pas ce qu’il fait, qui passe son
temps à s’en plaindre mais ne change pas (ça fait
un vacarme du tonnerre ça fait du feu) : il est invivable -->bouger
son cul
J’ai fait des efforts. Marc
était paresseux, je voulais tout. Marc
le disait sans le dire, je ne me plaisais pas dans cette condition mais
je n’y étais pas si mal, il fallait qu’il se passe
quelque chose. Marc n’était
jamais satisfait, je retombais dans mes travers, travers, je savais qu’il
y avait quelque chose que je ne franchirai pas Sa construction
n’est pas solide elle ne se souvient pas ne veut pas se souvenir
ne parle de rien (j’en garde un souvenir affectueux mais vague)
« il faudrait y faire un trou, percer » on verrait revenir
les histoires goutte à goutte on verrait ce qui coince les bouts
(un paquet) -la vie lente + la vie tiède
+ la vie molle + la vie plate + la vie grise = la vie dans les chaussettes-
(reprise) à quoi je pense quand je pense
? je ne vois pas à quoi ça mène de penser, c’est
mieux de ne penser à rien, quelle est ma pensée ? est-ce
que j’ai une pensée ? pas la moindre valable, je ne vois
pas, ma tête est incapable d’assembler deux pensées,
pas envie de penser, je n’imagine rien, le bruit qui m’empêche,
disperse la pensée, le bruit me gêne, fouillis désordre
à l’intérieur, m’empêche d’avoir
deux pensées, je ne peux rien suivre, je perds ma pensée,
je ne peux pas voir, je ne peux pas rester sur une (seule) pensée,
je ne peux pas, le bruit, je cherche des excuses, j’ai bien raison
pourquoi ne peut-elle formuler On dirait qu’elle est vide
mais au fond bien au fond
III. portrait d’un homme ventru mais qui ne fait rien (elle
est bonne celle-là) : « il se pourrait bien que son cœur
ait besoin d’un peu plus de place que chez les autres » On
dirait que ma tête est incapable d’associer décrire
elle est mal installée elle a peur de quoi (elle est convalescente)
- d’être une merde - il suffirait qu’elle parle
qu’elle dise ce qu’elle a dedans qu’elle défasse
les nœuds elle a peur on dirait que quelque chose à l'intérieur
lui fait peur et plus elle a peur plus cette chose grossit alors pour
ne plus y penser elle la cache engloutie sous une croûte bien épaisse
& solide
Marc n’a
jamais été sur le point de réussir, la peur de retomber,
devenir autre chose, atteindre la chose que je voulais, Marc
se regardait trop être, le résultat était toujours
imparfait, inachevé, il y avait un début qui aurait encore
mérité du travail, pas abouti, j’échouais ça
me rassurait [la pensée flotte
mais c’est normal parce que la pensée n’a aucune utilité
c’est un truc qui vient et puis de fil en aiguille un autre truc
qui revient c’est nonchalant la pensée c’est mou moi
ce que je voudrais c’est réfléchir faire fonctionner
mon cerveau activer pour produire une réflexion j’essaie
d’être efficace pour l’utilisation de mon temps et quoi
de mieux que de réfléchir c’est apaisant sinon on
est une grosse éponge je voudrais être dur et sec ne pas
dégouliner rester ferme moi je ne fais pas assez de sport il faut
dire la vérité sur mon état physique car je mange
trop ce n’est pas raisonnable je devrais maigrir mais c’est
difficile car j’ai toujours faim mon estomac est déformé
il a besoin d’être toujours plein je sais que je prends des
risques car je fume beaucoup je peux avoir des problèmes je dois
faire attention je dois dormir manger moins et arrêter] On
dirait que ma tête manque de courage qu’elle se plaît
à tourner en rond autour du pot a-t-elle des convictions à
défendre des préoccupations est-elle ailleurs fatiguée
elle est ailleurs la nuit (un tunnel) On dirait qu’elle ne
veut pas penser qu’elle craint se méfie pourquoi aurait-elle
honte
IV. le
même portrait : fumeur avec un nombril comme une bouche avalant
toujours : « ses mollets dilatés le posent là
glabre et blanc il semble ferme et frais on voudrait éprouver de
la main la texture particulière de sa chair il est difficile de
détacher les yeux de ses mollets qui évasés disent
leur importance » C’est angoissant
« le temps pour respirer n’existe plus on ne respire plus
on est pris -la végétation- nulle part où aller le
silence n’existe plus on est envahi l’air pour respirer n’existe
plus le souffle le vent la nuit déborde la fin du temps les cris
me recouvrent traversent les silhouettes serrées inutiles on n’existe
plus ( ) je suis une fuite par où tout s’en va c’est
perdu nulle lutte (peu d’espace pour combattre) les ombres à
la fin nulle part où aller le temps pour penser »
elle travaille seule dedans ne dit pas ce qu’elle fait remue les
histoires (ne pense pas ce qu’elle dit/ne dit pas ce qu’elle)
n’oublie rien ni n’avale mais ça ne veut pas sortir
balle de mousse balle instinctive & complexe elle n’y voit pas
clair [je le vois je le sens je m’essouffle
rapidement je ne suis pas assez vigilant ça ne va pas s’arranger
je ne m’y tiens pas parce que j’ai peur de manquer d’avoir
faim d’être énervé et ça ne serait pas
bon c’est pour ça que je dors mal et que je dois prendre
des choses je n’aime pas dormir car j’ai besoin d’avoir
toujours du temps c’est difficile] Ma tête ne peut
énoncer les choses = paresseuse (curieuse de tout elle cherche)
tourne autour de ce qu’il faudrait dire elle ne salit pas, encombrée
embrumée vague, muette et ronde (s’arrondit) et fermée
gonflée trop gonflée : on s’efforcera de lui parler
dans les yeux et d’observer la finesse de son nez, moins indécent
V. portrait d’un homme -toujours le même ou un autre-
(bien campé sur ses jambes) de peu de volonté : «
ne jamais se révéler à l'autre surtout quand on veut
rester un secret pour soi-même » Pourrait-elle éclater
pourrait-elle se répandre sur les murs en morceaux en bouts elle
n’aime pas qu’on la regarde aller difficilement (se taisant)
poursuivre pourquoi ne peut-elle continuer, oublie ce qu’il faut
dire
Je passais des heures à me calmer. Marc
se contentait de la médiocrité qu’il ne supportait
pas, le moteur, c’était chercher sans jamais trouver, j’attendais,
je m’impatientais, les choses ne peuvent être tout le temps
les mêmes. Maurice ne savait pas ce
qu’il voulait au moment de franchir les étapes, déstabilisé,
il voulait franchir les étapes mais, chaque fois, il faisait marche
arrière, je ne croyais pas en moi et pourtant si j’y croyais
[je grignote devant la télévision
jusque tard jusqu’à m’endormir sur le canapé
comme un cochon j’attends le dernier moment je sais que c’est
mauvais mais ça me donne des forces je prends mes choses j’attends
je vais me coucher j’ai peur d’aller me coucher savoir si
je vais m’endormir j’en reprends et le matin je suis je devrais
aussi arrêter les choses mais je n’y arrive pas manque de
volonté le psychiatre me renouvelle je ne dors plus naturellement
il faudrait savoir pourquoi c’est un travail énorme c’est
moche ce ventre ça déborde je ne sais pas combien de temps
supporter ça moi je ne pourrais pas c’est la clé]
Elle vit ramassée sur elle-même secrète silencieuse
dans un coin médiocre et orgueilleuse excessive impatiente tourmentée,
elle ne montre rien n’affiche que ses faiblesses ses contradictions
ne dit jamais la vérité échoue s'enlise se débat
bouge encore elle est une flaque fragile comme une flaque sensible attentionnée
Marc a parfois
copié mais je ne suis jamais allé au bout car je savais
ce que je faisais, ce n’était pas vraiment moi, j’étais
bien loin de la vérité. Marc
l’éponge, banale éponge, risible, je croyais qu’on
riait la conscience papillonnante et l’épée
d’Orion
VI. un
homme qui voudrait partir mais qui renonce [c’est
vrai il ne faut pas mentir mais j’espère aussi être
autre chose j’espère changer m’en sortir parce que
je ne suis pas au mieux car il y a beaucoup de choses qui ne me conviennent
pas je ne suis pas à ma place je ne sais pas quoi faire : péter
sur mon canapé jusqu’à minuit en regardant la télévision]
Monsieur Marc &
Maurice, l’agneau
VII. portrait : il voudrait être quelqu’un
ou quelque chose d’autre (dans sa peau) [j’essaie
de réfléchir et je me laisse emporter en dehors du sujet
je m’embrouille je perds le fil je finis toujours par retomber sur
mes vieux trucs que je recycle la sauce un morceau là un bout ici]
Le même bonhomme, à tout mélanger,
des années plus tard
VIII. qui n’aime pas le changement mais qui veut toujours autre
chose (développer) « une vie
idiote, menée bêtement, perdue, à ne rien faire, les
jours dépassant, aujourd’hui plus abruti, je ne fais rien
d’intéressant, gros légume »
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