QUELLE HEURE ÉTAIT-IL? ou quand le district de Rennes se donne des frissons d'esthète |
Observez
à droite l'air embarrassé de circonstance emprunté
par Jacques Sauvageot, actuel directeur des Beaux-arts de Rennes: c'est
l'air de celui qui se demande bien ce qu'il fout là. Effectivement,
le jugement ayant été prononcé en sous-main depuis
longtemps, cette parodie-là semblait un peu superflue. C'est de
sa bouche que j'ai entendu, pour interrompre mon rappel agacé du
texte accompagnant la pièce "Oui, mais, en deux mots?" |
La
pièce célébrée fut donc une installation : un
de ces petits machins, mais très encombrants, dont le seul enjeu
est d'inviter le spectateur à une participation ludique : ici une
étendue d'eau façon piscine à la surface de laquelle
nous sommes conviés à faire des ricochets avec des galets
de marbres. Enjeu esthétique? Un apparat symétrique neo-stalinien
très propret dont la vraie place serait dans arrière-cour
de Bofill. Enjeu intellectuel? Nous rappeler qu'au
fond, l'art, c'est rigolo. C'est la seule pièce pour laquelle les cartes postales tirées à la hâte par les organisateurs me semblaient bienvenues : avec ce genre de sucreries, si vous avez l'image souvenir, vous avez l'oeuvre. Maintenant, une dernière question se pose : si l'argent utilisé pour un bibelot sociologique dont la réalisation était aussi vaine est en soi une source d'agacement, il me semble qu'une autre raison de s'irriter de nos ubus de l'art naît de l'usage paradoxal qui fut fait de ce prix : il était destiné à l'aide à la création pour des artistes ayant du mal à financer leurs travaux. Alors pourquoi a-t-il été versé pour une oeuvre qui, de toutes façons, ne voit jamais le jour sans subvention? |