« [...] Ce n’est pas seulement
sur leur incompétence à concevoir la singularité
de l’oeuvre d’art qu’il faut juger de ces chefs de
rayon culturel, mais aussi sur la confusion qui règne dans leur
façon d’imaginer sa genèse ; toutes les oeuvres
qu’ils admirent, collectionnent, commémorent, sont nées
en dehors de leur poisseuse circonscription. La construction instrumentale
qu’ils proposent de l’image patrimoniale est bâtie
sur des oeuvres qui ne sont pas nés de la cuisse ministérielle,
sur des artistes qui ne têtèrent pas aux mamelles subventionnaires.
Mais que de toutes les grandes oeuvres sur lesquelles s'appuie la culture
de nos institutionnels — et, qui sait?, l'engouement qui les conduisit
à épouser un jour leur fonction -, aucune ne soit née
des actions du système qu'ils servent, rien de tout ça
ne semble les choquer. En vérité, les institutions culturelles
se payent les gadgets sociologiques qu’elles méritent,
et se rattrapent, en matière d’art, sur le dos des cadavres
dont d’autres qu'eux ont su leur montrer la sépulture.
»
Un artiste peut-il travailler avec l'institution?
Non. 2003 |