Né le 12 juillet 1974, vit
à Rennes depuis octobre 1998.
Je découvre la musique expérimentale électronique
en 1994, avec mon premier disque de Merzbow ; il me faudra
11 ans avant de franchir le pas et me lancer dans la MAO – non sans
avoir entre temps chanté dans une troupe d’opérette
et braillé dans un groupe de Grindcore…
Fasciné depuis tout petit par le mot palimpseste, je m’aperçois
assez vite des possibilités que m'offrent les sons synthétiques
pour explorer une voie de palimpseste musical, en utilisant notamment
des bruits parasites (bruits blancs, marrons ou roses) pour gratter, effacer
une musique en en gardant une trace en filigrane. Cette technique me permet
en outre, par son ironie et son opacité, de lutter contre deux
choses que j'exècre, le second degré et la transparence.
A) Les « Obscene Sessions » sont une tentative en quatre plages de problématiser l’obscénité,
à travers quatre de ses formes, classées en ordre croissant :
la pornographie, l’amour, l’ordre, le travail. La création
d’un continuum sonore (dans la première plage), l’usage
récurrent de la répétition (dans les trois autres)
ont un objectif sensiblement similaire : rendre la honte plus honteuse
encore en la livrant à la publicité. Il s’agit de
rendre claire et palpable la monotonie de l’obscénité.
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Photos de Joachim
Clémence |
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B) Découvrez onze pièces réalisées dans le cadre du laboratoire de la copie ANADOPI, pour le Centre Midassien de Traitement des Déchets Culturels :
- Pep's - Liberta
- The Noisettes - Don't upset the rythm
- The All - American rejects
- Lady Gaga - Poker Face
- Kings of Leon - Use somebody
- Kelly Clarkson - My life would suck without you
- E.Iglesias - Takin back my love
- Bashung - Bleu pétrole
- Flo rida - Right round
- Indochine - Le lac
- U2 - No line on the horizon
C) L'ÉCHEC
Combien de temps faut-il pour réduire le bruit au silence?
- à partir d'un morceau original, présenté en live à la Bascule le 8 mai 2009 -
Le morceau qui sert de base à ce petit jeu obsessionnel était un travail autour du déchet et de l'échec; sa base est une série d'enregistrements à vide - d'où ne ressortait donc que le bruit électronique de l'ordinateur, précisément ce qu'on cherche à effacer en premier pour rendre un travail sur ordinateur plus propre.
Ces non-enregistrements avaient ensuite été pré-travaillés, puis modulés en live. Les deux samples qui les accompagnent, tirés de deux films classiques japonais (Le Château de l'Araignée d'Akira Kurosawa et Meurtre à Yoshiwara de Tomu Uchida), visaient à tirer un peu plus le résultat final vers une sorte de Memento Mori musical: le premier (la chanson de la sorcière) est une chanson sur la ruine de toute entreprise humaine, puisque nous retournons à la poussière et que toute oeuvre est vouée, à terme, à l'oubli; le second est presque un exemple de ce que chante la sorcière du Château de l'Araignée: musique d'un défilé de Première Courtisane, il accompagne le triomphe passager de l'héroine du film, l'accomplissement du but qu'elle s'était fixée, et qui déjà porte sa propre ruine - elle ne survivra pas à ce défilé.
En faisant écouter ce morceau à un ami, il m'est venu à l'esprit qu'il pourrait être amusant d'accomplir la prophétie de la sorcière à partir de ce morceau même; c'est ainsi que j'ai décidé de m'ateler à la tâche de réduire ce morceau au silence, en plusieurs étapes successives.
De ce projet destructeur j'ai tiré trois morceaux, qui en sont une première étape. Chaque morceau devait servir de base unique au suivant: le premier vise à un effacement de la mélodie (ou de ce qui en tient lieu) du morceau original, par saturation (après tout le bruit blanc est un quasi-silence), les deux suivants commencent la marche vers le silence, d'abord par grattage puis par gommage.
Ce travail n'est pas fini : il reste encore bien plus de sons qu'il n'en faut à la quatrième étape.
Je vous propose donc un petit jeu Copyleft : aidez-moi à réduire tout ce bruit au silence définitif en vous emparant de ce projet, et en l'effaçant par petites touches successives, en commençant bien sûr à partir du quatrième morceau. Les oreilles de ce monde trop bruyant vous en sauront gré.
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