Rappels
Marat-La-Mort


Marat La Mort


Volet 01

Volet 02

Volet 03

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Volet 01

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Volet 03


Marat-la-mort (d'après Jacques-Louis David)
1995. Collage, pastel gras et acrylique sur carton. 60x120cm.

orsqu'on choisit de questionner l'image, on est en proie au problème du sens, d'interprétation qu'elle suscite. Et c'est parce qu'elle se conçoit dans sa particularité de rapport à un référent énonçable que la figuration peut se retourner contre elle-même, lorsqu'elle est capable de se cristalliser, tel un écran au discours, laissant à chacun des regardeurs le libre accès, la voie ouverte à la multiplication du sens. Il y a un aspect merveilleux et corrélatif à la production de l'image dans la pluralité des sens possibles. Mais la figure, l'image élue, celle qui est peinte, se montre tel un fragment de réalité reconnu mais s'excluant du réel, parce que l'oeuvre augure son propre monde: chaque peintre s'y emploie, pour construire l'espace de son exception...

Si l'espace de jeu subjectif, référentiel et culturel fait partie du contrat inhérent à la figuration, elle peut être le lieu d'une stratégie de l'évanouissement lorsque sur une même surface elle multiplie les sources et les images, jouant de confrontations entre des médiums aussi différents que sont la photographie, la photocopie, le transfert, la peinture, le graphisme, que le collage s'emploie à réunir. D'autant qu'il s'agit d'en révéler les manques, la perte de définition, le mauvais traitement infligé à l'image, par des procédés d'accumulation, de recouvrements, d'arrachages, de caviardages, de découpes, où le processus plastique finit par l'emporter: la signification de l'image est piégée...
Elle participe à autre chose qu'elle même, incluse et soumise à ce nouvel espace de rencontres qui manifeste avant tout son dispositif pictural, le travail des couches et des grattages, la mémoire de sa constitution.

Mon travail joue précisément de cette solide ambiguïté, entre présence et effacement de l'image, entre le sens qui s'en extrait, qui s'affirme, et celui que je fais se dégénérer, que je dépouille et qui finit par se perdre dans les tentatives d'identification rendues malaisées: l'image dévolue, ainsi dévaluée, se ranime d'une toute autre valeur... Figurée, figurale, l'image collée, peinte et repeinte suggère un appareillage d'affects sur lesquels la représentation de l'humain se distingue: c'est qu'un crédit d'incarnation lui est assigné, un crédit maintenu de la ressemblance, un crédit de probabilité du monde dont l'impact nous oblige à CROIRE.

La retouche, le caviardage, l'obstruction sont les révélateurs de ce passage où, perdue dans ses reproductions multiples et sa mise en abîme, la figuration se dé-figure, se délie et se dénie, par privation partielle et progressive de son identité; quand, alors même que l'on sait qu'il y a image, que certains indices nous prouvent sa présence -son état originel- nous sommes incapables de la nommer, tout en ayant son nom sur le bout de la langue. Sortes d'alter-images en somme, quand la figuration se trouve ainsi posée en marge d'elle-même, scrutant le point éminemment instable où elle risque, par sa reproduction, sa répétition, ses surcharges, de basculer dans l'illisibilité; L'image devient son propre contrepoint, et sa modification redouble en l'altérant le sens premier qu'elle instaurait...

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