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repentir pourrait être ce remord d'une conscience insatisfaite de son ouvrage
pictural, s'essayant à le parfaire, par ajouts, substitutions, retraits... Tant
et si bien que la pellicule première en accueille d'autres, que les strates
s'ajoutent en révélant celles qui supporteront la dernière. La nature même de
ces strates est diverse puisque la peinture s'emmêle de collages (photographies,
papiers et photocopies y ont leurs places) intégrés tels des repeints. Pourtant,
le repeint du restaurateur applique du neuf sur de l'ancien, à l'identique.
Il est ici le moyen d'une recomposition.
es
corrections d'un acte instaurateur deviennent si denses qu'un seul format ne
suffit plus: Le repentir engage sa mise en abîme, sa mise en série, jusqu'à
se ronger lui-même. Je choisis donc de proposer une série plutôt qu'une pièce
-c'est une manière d'exposer les multiples versions d'un projet, les différences
d'une répétition- en estimant que chaque retour, chaque hésitation ou à l'inverse,
chaque brutalité constitue le propre de cet acte instaurateur...
tel point
que j'en viens à repeindre une peinture non par moi signée, entretenant ainsi
un rapport d'investigation à double tranchant : la reproduction d'une oeuvre
incluse au sein de mon travail participe d'un autre auteur que moi. D'ailleurs,
je me plais aussi à m'auto-citer, en sachant réinvestir bon nombre de parcelles
issues de mes propres spéculations : quand une oeuvre me pose problème, il m'importe
d'y travailler. Mais si je signe en visant l'unique, c'est encore, toujours,
au travers d'un tiers. Le repentir serait alors celui d'être auteur, sinon par
défaut, du moins par excès. Olivia Blondel.