source : le Monde, Isabelle Mandraud - Dimanche, 30 Novembre 2008


Dans le huis clos de la chambre d'instruction de la cour d'appel de Paris, les juges ont examiné, vendredi 28 novembre, les appels formulés par Julien Coupat, Gabrielle H., Manon G. et Benjamin R. de leur placement en détention provisoire. Incarcérés depuis le 15 novembre, ils représentent, avec Yldune L. - dont le recours sera examiné mardi 2 décembre -, le "noyau dur", selon l'expression du parquet, des neuf jeunes de Tarnac (Corrèze) arrêtés le 11 novembre. Sous le coup d'une accusation d'association de malfaiteurs à visée terroriste, ils sont soupçonnés d'avoir commis des dégradations sur des lignes ferroviaires "dans une perspective d'action terroriste" (Le Monde du 21 novembre).

Leur avocate, Irène Terrel, a plaidé leur remise en liberté pendant le temps de l'instruction en dénonçant une "affaire instrumentalisé de façon politique et médiatique" contre des jeunes "qui avaient pour idéal de pouvoir mener une vie différente et d'avoir un regard critique sur notre société". Le parquet a requis leur maintien en détention. Au même moment, à l'extérieur, une cinquantaine de personnes qui scandaient "libérez les prisonniers" étaient expulsées du palais de justice par des gendarmes et des CRS venus en nombre.

L'appel de Gabrielle H. contre le mandat de dépôt dont elle fait l'objet à Fleury-Mérogis ayant été enregistré comme une demande de mise en liberté, le juge des libertés et de la détention (JLD) avait décidé, mercredi 26 novembre, de sa libération sous contrôle judiciaire, comme c'est le cas pour quatre autres jeunes interpellés mais non poursuivis pour les dégradations des voies SNCF. Le parquet s'y est aussitôt opposé par référé. Le 27 novembre, le domicile de cette femme de 29 ans, à Tarnac, a de nouveau été perquisitionné par la police.

"Aucun permis de visite n'a encore été délivré pour les familles", s'insurge Me Terrel, qui dit avoir reçu des "centaines" de lettres de soutien en faveur de ses clients. "La présomption d'innocence est bafouée", ajoute-t-elle. Les juges rendront leur décision mardi 2 décembre.