Quand Manzoni vendait
de la ligne au mètre, il vendait aussi du temps d'atelier; le chemin
parcouru, c'est, principalement pour un peintre du temps
parcouru. Nous avons tous joué, en classe, en perm', à donner
des coups d'index dans des têtes de feutres, c'étaient des
batailles navales ou intersidérales sur des feuilles de papier,
pour PASSER le temps... Nous avons à ce moment précipité
aussi le sens du mot "charge".
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La charge de peinture,
dans cette série, est charge de cette précipitation du temps.
Elle emporte avec elle l'enchaînement des lignes de FUITE, son terrain
est la distance (la perte de pigment à chaque coup donné
est un morceau de narration, dont l'objet est la solide et tenace solitude
de l'atelier). Il n'y a pas grand-chose à dire, sans doute, de
la peinture ; elle est son propre spectacle. Mais il y a beaucoup à
dire de ce spectacle ; c'est celui de la confrontation de plusieurs natures
de solitudes. Il n'y a pas à mon sens d'autre définition
pour le mot "contemplation".
L.L.D.M.
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