Sans doute pour les bourgeois de Rennes
une authentique sculpture minimaliste n'eût-elle pas été
assez épate-couillons. Pas à même de renvoyer l'image
attendue d'un prestige égal à la dépense. Et faute
de pouvoir rénover une grammaire de formes déjà
largement patinée par 40 ans de HLM, il restait tout de même
la multiplication, sans promesse de miracle.
Au résultat, nous sommes parvenus à atteindre un merveilleux
pont d'immobilité entre passé et futur, enterrant définitivement
la Broutagne dans la nullité sculpturale et architecturale :
pendant des siècles, alors que le reste du monde inventait une
image de celui-ci florissant pour transformer chaque moment de vie en
œuvre d'art, la Broutagne s'arrimait à ses pilotis de granit
miteux, cramponnée à ses putains d'alignements de cailloux
debouts, arrimant définitivement son histoire au degré
zéro de la modification de l'état des choses ; hé
bien grâce au tas de cailloux orthogonal d'Aurélie nous
ne le quitterons plus jamais, le stade anal monolithique. Carnac forever.
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