Nous y sommes donc, avec Catherine, à
cette inauguration ; on a quand même l'impression que c'est foutrement
disproportionné ces milliers d'invitations, cette brochure publiée
avec je ne sais plus quelle revue d'art nationale à la con, ce
DVD retraçant la soixante-douze fois formidable aventure de la
plus molle érection de l'histoire, ces grandes tentes plantées
pour un buffet coquet, ces inutiles vidéos hagiographiques balancées
un peu partout, cette mobilisation de tous les habitants du quartier et
de l'ensemble de musique contemporaine Rhizome, ces affiches partout dans
la ville, tout ce déplacement d'énergie invraisemblable
pour cet alignement... Regardons-le vraiment, l'objet de cette attention
fébrile : c'est cafardeux et con comme un plan de ville modélisé
pour un jeu vidéo. C'est planté dans un décor pour
lequel on aurait espéré, enfin, un peu de grâce pour
échapper à la lourdeur urbaine. Et nous y voici reconduits,
par la plus pompière, la plus prétentieuse, la plus assommante,
la plus totalitaire des émanations plastiques. Voilà ce
que sont les sillons balisés d'Aurélie Nemours, un hybride
du pire citadin avec le pire nostalgique, un minotaure à tête
d'urbaniste et à cul de menhir... Nous aurions pu aimer sans doute,
enfin, des lieux de dérive. Au lieu de quoi, nous aurons un lieu
supplémentaire pour l'errance. Espérons, qu'à l'instar
des boursouflures d'Albert Speer, ça nous fera au moins de belles
ruines. |