... Et puis il y a un autre axe,
qui me semble différencier clairement la situation de Bazooka
par rapport à cette scène punk dont on la rapproche toujours...
c’est que La scène punk instrumentalise à des fins
exclusivement dicursives la pratique de la musique : la musique elle-même
est moins l’objet d’une subversion radicale (parce bon, c’est
quand même les contemporains du free-jazz, de John Cage, qui, eux,
subvertissent la musique en usage elle-même, ses codes) que l’enjeu
politique des textes punks, c’est l’attitude politique punk
par rapport à son medium qui donne le ton... C’est-à
dire que... artistiquement, les punks prolongent un certain champ de la
propagande, dans lequel la pratique de l’art est, à mes yeux,
toute entière au service d’une intention extérieure.
Comme dans la propagande, par exemple. On chercherait en vain dans Bazooka
une telle répartition des tâches de la subversion. Ce qui
m’intéresse, donc, pour l’instant, c’est que
toi tu me parles des rapports que Bazooka entretient avec le mouvement
punk, et de ses différences surtout, dans ses choix... par rapport
à ce qui est subversif dans Bazooka, et qui me semble plus
incontrolable et plus riche que ce mouvement auquel on l’associe...
On peut commencer, juste, par exemple...
Loulou
Picasso : Oui on pourrait évoquer le
temps, aussi : parce que on a pas eu à choisir à être
punk... Parce que, quand le mouvement punk est arrivé en 76 en
France, on y a tout suite été identifiés... Si tu
veux.. le groupe existait déjà depuis un an et demi ; ce
que l’on faisait était... était dans la droite lignée
de ce qu’on voyait arriver d’Angleterre. D’abord au
niveau générationnel... Bah, je sais pas comment t’expliquer
parce que, d’une certaine façon, on a donné une certaine
visibilité au punk français... Y’avait pas de punk
pour le coup ; s’il y’en avait en France, c’était
nous ; c’est-à dire que l’étiquette punk, en
vérité on s’y est toujours farouchement opposés,
parce que... parce que c’était pas... c’était
pas en totalité ce que l’on faisait...
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