Périscopage - Bazooka - Le Dernier Cri
entretien Loulou Picasso / L.L. de Mars
Exposition Bazooka aux Jardins du Thabor, Rennes

L.L. de Mars :  C’est ce que vous écoutiez?

Loulou Picasso :  C’est ce que l’on écoutait... C’est que l’on accompagnait déjà depuis, depuis un certain temps... Moi j’étais à Rouen, il faut pas... il faut pas l’oublier... J’avais dans ma classe deux mecs qui allaient faire un groupe qui s’appellait les Olivenstein.

L.L. de Mars :  Qui s’appelait comment?

Loulou Picasso :  Les Olivenstein, je sais pas si tu vois ce que c’est, ce genre de musique... Je sais pas si tu connais bien la musique punk?

L.L. de Mars :  Un peu.. J’en écoutais quand j’étais plus jeune, oui.

Loulou Picasso :  À Rouen y’avait un groupe qui s’appelait les Dogs

L.L. de Mars :  Oui, je connais bien

Loulou Picasso :  C’était pas... C’était pas encore un groupe très très connu, bon... Ce mec était au lycée, comment dire, dans le même lycée. Y’avait aussi un excellent disquaire qui s’appelait Mélodie Massacre, un magasin importateur de musique anglaise dans lequel j’étais toujours fourré... Et en même temps, moi je connaissais à Rouen - c’est à Rouen qu’a été imprimé le premier Bazooka - un mec qui a fondé une maison de disques qui s’appelait... qui s’appelait Sordide Sentimental. Donc j’ai fait la pochette de.. de comment dire... de Psychic TV, qui s’appelait encore Throbbing Gristle à l’époque, et j’étais ami, vraiment très très ami de Genesis1, le leader de Throbbing Gristle. C’étaitr le petit ami de ma soeur... C’est de la famille très proche, tout ça.

L.L. de Mars :  C’est pas entièrement punk, quand même! Enfin... si, du point de vue idéal que j’évoquais, alors oui, mais c’était infiniment plus radi

Loulou Picasso :  Oui, il était radical radical, lui!

L.L. de Mars :  Oui, c’est ça, c’est

Loulou Picasso :  Il était vraiment radical radical... Enfin, on était vraiment très très ami, et si tu veux, à un moment j’ai fait... la première pochette... c’était... on se voyait vraiment vraiment beaucoup. Enfin, lui faisait en musique ce que j’avais envie de faire... dans la presse. Dans les médias. Et ça, c’est vraiment 75, 76, donc ça c’est un peu avant... un peu avant le punk. Et tout naturellement, quand je suis arrivé à Paris moi, comme j’avais donc ces quelques pochettes de... de Sordide Sentimental... Sordide sentimental y’avait un 45 tours de Joy Division... Enfin y’avait quand même du beau monde qui passait par ce tout petit label... Enfin c’était un mec

L.L. de Mars :  C’était déjà Joy division, c’était plus Warsawa?

Loulou Picasso :  Non non, c’était Joy Division; bon, y’avait quand même comme ça, sur l’année, des sorties qui étaient intéressantes; et moi quand je suis arrivé à Paris, je me suis occupé des trucs de Marc Zermaty qui avait une maison de disques qui s’appelait Skydog... C’est lui qui était le producteur des Clash, etc. On était vraiment, enfin, on baignait dans la musique...


1 : Genesis P. Orridge. Le site le plus complet consacré à Throbbing Gristle est ici : www.brainwashed.com/tg/ . Ce groupe inaugurait le renouveau de la musique bruitiste et industrielle restée quasiment en friche depuis Russolo (années 10, futurisme italien)