Périscopage - Bazooka - Le Dernier Cri
entretien Loulou Picasso / L.L. de Mars
Exposition Bazooka aux Jardins du Thabor, Rennes

L.L. de Mars :  Vous jouiez beaucoup avec la signalétique totalitaire ; donc,  je suppose... C’était pas coutumier... Mais avec un...

Loulou Picasso :  Oui mais avec une grande naïveté. Une grande naïveté. Parce que je... Comment te dire?.. Ça nous paraissait complètement désuet... Je t’assure. Et l’utilisation qui est faite par les punks de... de tous les signes nazis, au départ, etc., c’est une... .... C’est de la bonne santé.

L.L. de Mars :  Tu penses que c’est une liquidation des engagements hippies, de ce genre de choses?

Loulou Picasso :  Voilà. C’était du jeu avec le signe... Mais y’avait pas encore... Comment dire?.. Enfin, ce qui est horrible maintenant, tu sais, tout ce... Toute cette transparence, tout ce révisionnisme, enfin, je sais pas quoi. C’était du signe. Voilà. Moi, personnellement, pour l’avoir porté plusiseurs fois, pour avoir eu des brassards, des trucs comme ça... C’était évident qu’on était pas des nazis. C’était évident, tu comprends. On était des petits punks jeunes et mignons... Voilà, à jouer les pretty vacant1... Les joliment vides, dans la tête.

L.L. de Mars :  Tout salir. Oui. Est-ce que tu crois que c’était, d’une façon inconsciente, enfin, d’une certaine manière d’intégrer un certain échec de l’histoire, de l’enseignement possible de l’histoire? De sa positivité?

Loulou Picasso :  Ben c’est quand même, c’est quand même le signe précurseur de la post-modernité, le punk, d’une certaine façon. Il y a un constat qui est fait; il est fait de façon très très brutale. Spontanée etc. Enfin il y a quand même une grande partie de la jeunesse qui se dit «Non, ça va plus... C’est terminé tout ça», c’est...

L.L. de Mars :  C’est terminé, mais les signes ont encore gardé leur pouvoir de stupéfaction, de terreur...


1 : Pretty Vacant est un morceau des Sex Pistols