Périscopage - Bazooka - Le Dernier Cri
entretien Loulou Picasso / L.L. de Mars
J.C. Menu
Rencontre Bazooka & Dernier Cri: «Résistances graphiques»

L.L. de Mars :  Mais par exemple aujourd'hui tu travailles, ça aussi ça m’intéresse, de comprendre ça - pour ma part je me positionne clairement, c’est mon malheur et mon bonheur, contre toute forme d’institution - et toi tu arrives à travailler avec des subventions, et donc avec des institutions... Comment tu fais, comment tu gères ça moralement, intellect

Loulou Picasso :  Ben je l’avais jamais fait, je l’avais jamais fait avant Bazouges1. Hein. J’étais jamais allé voir un conseiller aux arts plastiques etc. etc. c’est l’occasion qui a fait que j’ai été voir un peu de près comment ça marchait. Et j’ai rencontré - mais c’était... c’était quand même la période socialiste, y’avait un vrai revirement, y’a quand même eu du changement au ministère de la culture - et je suis tombé sur un conseiller aux arts plastiques qui était quand même un vrai mec de l’action culturelle... On avait des... des aspirations communes, des choses comme ça. Ça nous intéressait... On était tous les deux tu sais sur ce fameux slogan, qui n’est plus le miens maintenant mais... «L’art, c’est ce qui rend la vie plus intéressante que l’art»... Arminda G..: - C’est ce que disait Filliou, ça?

Loulou Picasso :   C’est Filliou, ça, oui. Ce qui est une connerie. Parce que... En ce moment je trouve ça pas du tout intéressant et franchement... Je déprime moi, dans les vernissages. Dans les milieux artistiques.

L.L. de Mars :  Faut pas y aller...

Loulou Picasso :  (rires) C’est pas ce qui rend ma vie plus intéressante.

L.L. de Mars :  Oui mais ça, les vernissages

Loulou Picasso :  Oui mais bon à l’époque

L.L. de Mars :  c’est pas l’art, ça

Loulou Picasso :  à l’époque

L.L. de Mars :  c’est les conditions sociales de son apparition, on

Loulou Picasso :  à l’époque ça me faisait ça, oui, ça me rendait la vie plus intéressante. Donc je connaissais pas, je connaissais strictement rien, comment ça marchait, et je me suis intéressé à comment ça marche, comment ça marchait au niveau de la DRAC Bretagne, comment ça marchait au niveau du Conseil Général, comment ça marchait au niveau du Conseil Régional...

L.L. de Mars :  Et ça rentre pas en contradiction avec cette liberté, cet

Loulou Picasso :  Ben ça m’a fait arrêter la peinture. C’est quand même, pendant cinq ans... Depuis que je suis arrivé ici... j’ai pratiquement tout cessé... C’est un autre, oui, c’est un autre boulot, c’est une autre façon d’utiliser son esprit... Bon, ça a un côté intéressant. Enfin, ça a un côté intéressant quand ça fonctionne, hein... Ça lasse un peu... Mais je trouvais ça plutôt rigolo, quand même, d’aller voir un ministère, et puis de réussir à tirer un peu d’argent, une subvention de 100 000 francs par an, pour faire des... C’est drôle... Mais après c’est vraiment déprimant quand tu vois réellement politiquement comment ça fonctionne et c’est quand même assez... assez gerbant...


1 : Loulou a travaillé à l’élaboration du complexe artistique de Bazouge-La-Pérouse en y créant un Espace Culturel Multimédia (défunt à cette heure), en y organisant des ateliers, en y montant des expositions etc.  Disons, pour faire court, que nous prions les visiteurs de nous excuser pour cette interruption brutale de notre programme provoquée par des incidents politiques indépendants de notre volonté.