bdzh, 35 ans de bande dessinée en Broutagne
broute broute
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J'ai évoqué plus haut, à propos de l'étrange perception de la bande dessinée, la notion confuse de groupe social cohérent; la bande dessinée, bizarrement, EST quelque chose (elle est de gauche, jeune, populaire et, on le verra, broutonne), à force de n'être pas questionnée (ou si peu) sur ce qu'elle est vraiment ; d'un mode de production narrative et iconographique, elle est devenue l'écho de ses conditions sociales d'apparition — je devrais dire de ses conditions les plus normatives et les plus vulgaires d'apparition sociale — à tel point qu'il semble inutile, pour qui veut s'en tenir à ces généralités abusives, de se demander qui en fait vraiment ou qui en lit. Ce qui, dans les faits, est forcément absurde (puisque tout le monde, à un âge ou un autre, lit de la bd, puisqu'il y a tellement de dessinateurs et de lecteurs de bd qu'ils doivent bien représenter toutes les couches sociales, toutes les tranches d'âge et toutes les polarités politiques), n'apparait pas absurde à ceux qui en parlent avec émotion comme d'UN truc : les festivals sont touchés par une espèce de chappe jeuniste et complaisamment, exagérément, joviale, et la bd est présentée par les lecteurs, les journalistes et les dessinateurs eux-mêmes comme un art populaire à la limite de la production artisanale, même quand elle est distribuée par Leclerc1.
Comment mieux avancer masqué que derrière un tel visage de joie, de bonne conscience, de jouvence et un tel capital de sympathie qu'aucune réalité économique, politique ou tout simplement humaine ne semble pouvoir écorner?



1. Regardez comme ça rend sympa, la bédé. Tirez-en de nouvelles leçon de marketing, Sarkozy, il doit bien rester deux ou trois clubs d'électeurs potentiels pas encore dragués.

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