bdzh, 35 ans de bande dessinée en Broutagne
broute broute
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Vous aurez pourtant compris quand vous aurez dégusté les spécialités locales que sont la tonne de beurre farcie au saindoux et le kik ar farz au grouique génétiquement blet, qu'il n'y a pas de quoi être fier, et que n'importe quel humain tout plein de ses vrais bouts se prétendrait plutôt polonais que d'avouer être né à Plougastel. Mais voilà, il y a un truc que peu de gens savent à moins comme moi d'être né à Lorient, terre natale du festival interpréhistorique des hernies qui couinent1, le brouton n'a pas tous ses bouts (il est pas bien cuit, comme on dit ici) :
certaines personnes vous répondent douze fois là même chose à une question de météo que vous ne leur avez pas posée parce qu'il leur manque la mémoire à court terme; d'autres vous affirment que les chambres à gaz étaient des bobinards luxueux ou pétaient les maîtres du monde qui voyageaient gratis en Pologne aux frais des contribuables allemands parce qu'ils ont perdu la mémoire à long terme; le brouton, lui, n'a tout simplement pas de glande à avenir : il pense que demain c'est avant-hier et il met des gilets à trois rangées de petits boutons dorés quand on lui parle de l'Europe. C'est assez emmerdant pour aller de l'avant, et quand un gros bâtiment brûle dans ce qu'il croit être la capitale de la Broutagne, et bien il reconstruit le même, tout pareil, tout faux vieux, tout carré. Et quand le passé de tout le monde ne coïncide que très vaguement avec son désir du passé à lui, le brouton s'en tricote un tout neuf qu'il vend en bandes dessinées pompières avec des boîtes de pâté2.

 


1. Visiteur perspicace, sauras-tu retrouver le maire de Lorient dans cette chroniquette pleine d'amour et d'aventure?
2. pâté et bd sont les deux mammelles de Hénaff
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