Le plus sinistre dans cette affaire, puisqu'il
s'agit tout de même de bande dessinée, c'est la nature même
de ce truc, sa construction narrative, ses ficelles éculées,
sa conception infantile et au bout du compte insultante de la bande dessinée,
bien plus encore que ses attendrissants trucages historiques... Alors
que le narrateur pontifie à tout-va sous le prétexte très
très humoristique que les druides c'est lyrique comme tout poète
et compagnie, notre scénariste se rend tout de même un petit
peu compte qu'il va peut-être bien passer pour un arriéré,
ce qui risque de saloper son beau tableau d'une Broutagne créatrice
et inventive ; alors, vous savez ce qu'il invente notre scénariste
? Non ? Un alter ego rigolo... Quelle trouvaille? Non? il invente
l'alter ego rigolo ; quelle puissance créatrice, hein mon
colon, ça vous la bouche, non? Un alter ego rigolo qui coupe
le narrateur, qui y va de sa petite blague, qui nous donne des petits
coups d'ailes dans les côtes (c'est une poule. Ha Ha. Elle est marrante.
La poule.) ; évidemment, bien loin de créer une distance
quelconque dans le monologue de notre narrateur-scénariste-druide-Homais
de service pour en atténuer la pompe, elle entérine sans
équivoque le fait que ce babillage préhistorique gonflé
de lui-même est la fatalité de notre pauvre auteur : c'est
la pâte de sa langue-même, il ne saurait pas écrire
autrement. |