On peut imaginer sans peine que les quatre
croûtes qui consituent la collection municipale prennent rarement
le frais ; pourquoi ne pas profiter de cette belle occasion pour
les montrer un petit peu? La salle où elles se trouvent est
donc ouverte (jusqu'à ce qu'une des organisatrices de l'Art
chemin faisant s'en rende compte et la ferme), et le public
s'y engouffre docilement, y donnant avec parcimonie un peu du temps
raisonnablement réparti entre toutes les oeuvres du matin.
On a soin de repartir en oubliant instantanément ce qui a
été vu pour faire de la place pour la suite.
Dans un musée du pop-art, le public sera tout prêt
à admirer le gardien endormi si vous l'y encouragez, et nul
doute que si vous signez d'un cartel «Boticelli» l'infâme
plafond de l'entrée des Uffizi, le public sera docilement
enclin à s'émerveiller de toutes les surprenantes
facettes du maître. Quelle importance au fond? Une fois que
chacun a été convaincu que toute audace artistique
est non seulement possible, mais qu'elle signe l'art et, au passage,
sa complète inoffensivité, pourquoi s'encombrer de
la moindre distinction? Distinction d'autant moins utile que ceux
qui se déterminent pour l'instant comme consommateurs d'art
seront les producteurs de dimanche prochain...
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