L'art chemin faisant - 29 juin 2003 - Pont-Scorff

Le collectif est à lui seul une réponse idéale — réponse nettement, mais doucement, négative on s'en doute — à tout dessein de singularisation, de distinction, de hiérarchie. Il contient la réponse la plus rapide à une question que personne ne posera (qu'est-ce que tous ces artistes foutent ensemble?), il EST la réponse, il se désigne comme entité, liant, tissu, processus et résumé du processus, il légitime le rapport à la collectivité, y renvoyant lui-même par sa structure, à peine moins arbitrairement composé que la cité où il s'exhibe, à peine plus cohérent que le groupe auquel on le destine.
Plasticien, vous voulez faire un test? Si vous ne pouvez vous réclamer d'aucune autre autorité que la vôtre, allez donc proposer votre travail plastique à une galerie, un lieu associatif d'exposition, une connerie de ce genre : vous n'attendrez pas une heure avant qu'on vous propose avec bienveillance d'exposer avec des gugusses dont vous n'avez jamais entendu causer, pour un «projet drôlement cohérent, un dispositif de monstration singulier» qui pourtant semble ne pas pouvoir résister à votre singularité à vous...

Ci-dessus, Catherine Arzberger, artisan céramiste dont la présence est destinée à rassurer les visiteurs les plus rétifs à l'art contemporain sur la pérénnité de valeurs aussi saines que le travail bien fait et le soucis artistique de la décoration intérieure.