L'art chemin faisant - 29 juin 2003 - Pont-Scorff

Il n'y a pas grand-chose à faire pour se tirer de cette situation épuisante ; d'où que je parle, quel que soit l'endroit où je me place pour entamer ce travail critique, je reviendrai à la page 1 de cette chronique: «pourquoi est-ce que je fais tout ça?». En effet, on se le demande... Le mieux que je puisse espérer est un vivier de nouveaux amis infréquentables qui me bourreront les côtes en dénonçant d'un air complice le gaspillage de l'argent public... Le pire : mes vrais amis me demandant d'être enfin raisonnable.

L'institution se rêve indiscutable, sans opposant. Sans opposant parce qu'indiscutable ; qui pourrait lui en vouloir de quoi que ce soit? ; sa géométrie serait simplifiée avec un dedans et un dehors : s'y opposerait de dehors le paranoïaque ou l'aigri.  Taux de pénétration minimum, rage maximum, c'est bien connu (impensable que l'on puisse ne pas désirer être dedans) ; et de dedans l'ingrat ou le lampion décoratif.
Dehors la parole du fantasme des recalés, dedans celle des entremetteurs et des faux mal elevés se rebellant avec ou sans le consentement de maman.
J'ai dit «serait simplifiée» parce qu'il n'y a pas de dehors, parait-il...

Ci-dessus le travail d'Albert Dupont. Qu'en dire? La plupart des artistes que je connais sont inférieurs à leur oeuvre : des travaux parfois intéressants dont il faut supporter les parages d'une humanité médiocre. chez Albert Dupont c'est le contraire; il semblerait qu'il ait mis tout son talent à être un type bien, aimable, doux, chaleureux, et qu'il ait oublié son oeuvre. La chair est indisponible, elle est tout entière à la ville ; reste à exposer le squelette : la ponctuation.