Un peu plus loin, une large dépression
dans cette vitrine laisse place à un ensemble de statues agenouillées
qui, une à une, enrichissent un splendide christ allongé
au nez en bec d’aigle, dont les yeux sont deux sèches incisions,
long corps tiré, tendu, sobre et nu; cette déposition a
peut-être été unie un jour par un socle, mais elle
se présente aujourd’hui sur la tribune dans la proximité
inattendue d’une scène quotidienne dont les acteurs semblent
disposer d’eux-mêmes; essaiment autour les figures, dans des
attitudes variées, avec cette science cinétique d’une
forme de métonoymie théâtrale qui tend à rassembler
dans un seul geste figé la somme de tous ceux qui composent une
action complète, une histoire, la naissance d’un attribut.
C’est hélas tout ce que cette vitrine me laissera en mémoire,
et le pauvre animal mental à demi-aveugle qui en explore aujourd’hui
la masse cotonneuse pour lui arracher encore un ou deux souvenirs de
plus, vient déjà buter sur l’estrade du fond: |