Lorsque je questionnerai, à mon
retour à Bruxelles, les libraires des Musées Royaux, leurs
recherches à propos de cette collection fantôme n’aboutiront
à rien. Un peu décontenancé et amer, je fais à
cette librairie l’acquisition du catalogue inventaire des musées
Royaux des Beaux-Arts de Belgique, tenaillé par une idée
: trouver une nouvelle représentation, ailleurs, de ce «Christ
sur la pierre froide» qui puisse appuyer ou infléchir mes
débuts d’hypothèses.
C’est à notre retour en France que je peux consulter l’épais
guide jaune aux reproductions ingrates. Sous le numéro d’inventaire
699, un «Christ au roseau et Calvaire avec donatrice religieuse»
de 1558, attribué à l’École des Pays-bas
méridionaux me présente la figure désormais familière
d’un Christ distant de la scène dont il est pourtant le
centre, que rien ne semble impliquer dans la moindre actualité,
assis, presque nu, les poignets liés, «sur la pierre froide».
Les dimensions dérisoires de la vignette noire et blanche sur
laquelle j’observe ce détail ne me permettent pas de distinguer
le tombeau, ni même de le reconnaître vraiment pour tel.
Si un homme agenouillé lui tend bien le roseau d’humiliation
consacrant par ce sceptre minable un règne à sa hauteur,
intégrant le Christ à l’histoire que se déroule
sur ce magnifique bois peint, il se détache pourtant, comme flottant
et spectral au-delà d’elle, dont il est à la fois
l’acteur et le spectateur.
Dernière minute, aout 2004: recevant un courrier de la charmante
conservatrice du musée Vander Kelen - Mertens que j'avais sollicitée
pour établir une documentation en ligne de la collection, j'apprend
que ce travail a été entamé l'année dernière
et qu'il est patiemment en cours...
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