| L.L. de Mars: 
       Je plaisante... Enfin, bon, on va pas fétichiser non plus le 
      terme de littérature... Puisque lui, c’est un fétiche, 
      alors que celui de «bande dessinée», c’est un terme 
      technique. On va pas en faire aussi un fétiche. Bon, on va essayer 
      de revenir sur ce que l’autre enregistrement a avalé, maintenant, 
      je suppose que nous sommes assez frais maintenant là-dessus... Ça 
      va être un peu dur, hein, parce que on va avoir un sentiment de répétition, 
      «a strange feeling of deja-vu» (rires). Évoquant la question 
      dans ce cas-là de... De l’impermanence dans laquelle vit la 
      production de la bande dessinée... À savoir que l’une 
      des choses qui nous éclaire peut-être sur ce fait est que la 
      bande dessinée n’ait pas... N’ait pas d’histoire, 
      n’ait pas ses historiens, des vrais historiens — pas des compilateurs, 
      des historiographes, comme Groensteen qui font très bien leur travail, 
      mais qui ne font pas un travail d’historien, aussi exigeant théoriquement, 
      aussi analytique, que ce qu’on peut lire de... De... De Wölfflin 
      jusqu’à Georges Didi-Hubermann... En passant par des variations 
      significatives, comme Shapiro ou Panofsky... — Donc, l’impermanence 
      dans laquelle vit la bande dessinée fait que le dessinateur et le 
      lecteur sont toujours dans une espèce de... D’éternel 
      transitoire, pour reprendre les termes de Baudelaire, 
      toujours dans une situation moderne. Pourtant la bande dessinée semble 
      avoir un mal de chien — enfin, la bande dessinée : «Mais 
      qui est cette dame ? On ne m’a pas présenté.» 
      —  (rires), je veux dire : les dessinateurs de bandes dessinées 
      semblent avoir un mal de chien à trouver le parc, le territoire de 
      la modernité propre à leur pratique... |