Périscopages 2006 - Jochen Gerner etc.
entretien Sébastien Lumineau / L.L. de Mars
Rencontre Nicolas Robel/Sébastien Lumineau («Auteurs ET éditeurs»)
L.L. de Mars:  Au XVIIIe siècle en France, il y a peu de, de peinture plus neuve à mon sens que celle de Watteau et pourtant, si je m’en souviens, cette modernité-là, Watteau l’exportait sur des enseignes, des choses anecdotiques, parallèlement à sa peinture, c’est pas un cas isolé, c’est quelque chose qui a accompagné la pratique de la peinture depuis très longtemps, les papiers peints de Vasari a Barberini, Maïakovski faisait des affiches, tu me diras c’es exceptionnel, mais on pourrait cumuler les exceptions longtemps, on aura brossé un paysage

S. Lumineau:  Mais c’est pas

L.L. de Mars:  C’est pas un problème majeur

S. Lumineau:  Mais c’est pas non plus une commercialisation dans tous les supermarchés, quoi.

L.L. de Mars:  Mais enfin Maïakovski, c’étaient des affiches tout de même, avec son ami Malevitch, pour des tétines, des trucs comme ça... C’est insensé tout de même. Que ça n’ait pas...

S. Lumineau:  Oui mais c’est pas directement à mon avis il est lié à

L.L. de Mars:  Tu veux pas impliquer les dessinateurs. Là-dedans. Non mais c’est vraiment intéressant, on a d’un côté donc tout ces dessinateurs qui pour s’émanciper des règles qu’ils supposent en usage étouffantes de la bande dessinée draguent du côté de la pratique de l’art, et avec un retard souvent catastrophique la faible l’idée qu’ils se font de la peinture... On en a vu apparaître en somme tout au long du siècle, l’acmé ça aura été la période Valvoline italienne, ou là... On verra... Mattoti faire péniblement des albums qui ne sont ni plus ni moins que des mauvaises peintures des années 20, alignées les unes après les autres, qui font tout sauf de la bande dessinée, et depuis ça n’arrête pas. (rires) et on a de l’autre... Une peinture... Euh... Une bande dessinée, pardon, avec des ambitions adultes et des ambitions critiques adultes... Qui pourtant... Étrangement, vit toujours et véhicule toujours... Des enfantillages. Il y a... Moi ce qui m’intéresse, c’est quand même, ce sont quand même les dessinateurs qui font tout ça, ces livres, et ceux-là, ils ne sont pas inféodés au marché, ils en ont créé un autre. C’est vraiment l’édition parallèle, c’est tout à fait autre chose. Et sur cela ne pèse pas le même type de menace, le même type d’impératifs... Donc c’est plutôt... De leur propre chef, les dessinateurs...