Périscopages 2006 - Jochen Gerner etc.
entretien Sébastien Lumineau / L.L. de Mars
entretien Lumineau/de Mars
Exposition Jochen Gerner à l'Orangerie du Thabor
Bande quatre


L.L. de Mars:  Bon, on va rentrer directement... Directement dans le domaine critique à proprement parler... Hmmm... Relativement, justement, à... À cette question qui moi me hante un peu... De cette... De cette étrange inaptitude des auteurs de bandes dessinées à penser la modernité dans le cadre de leur propre pratique, elle va sans cesse et souvent très maladroitement puiser ailleurs, j’aimerais que tu me parles globalement de la façon dont tu comprends ces allers-retours que font les auteurs, d’une part à ce qu’ils pensent être la modernité telle qu’ils ont cru la comprendre, la saisir dans le monde de l’art, et simultanément, ce qui s’opère dans... Dans le cadre de la narration, c’est-à-dire... La façon dont les auteurs de bandes dessinées, obsessionnellement, suivent les traces les plus désespérantes de la littérature contemporaine avec un engouement pour l’autobiographie qui est une quasi caricature de ce que la littérature produit déjà de plus mauvais depuis 15 ans... Mon avis, sur la question, rapidement, au moins en littérature — je ne m’exprimerai pas sur la bande dessinée — c’est que ce qui s’est joué c’est l’avènement des signes de Vérité... les signes originels s’étant probablement perdus quelque part dans l’illusionnisme social et médiatique  continu — et là c’est une des conséquences annoncées quasi prophétiquement par Debord dans la «Société du spectacle» de... De ce qu’il disait être « le monde idéalement renversé », celui où le vrai est un moment du faux ; dans ce monde idéalement renversé, la première personne du sujet simule de façon chétive et idiotement superstitieuse l’idée que l’on toucherait enfin à quelque chose qui réunirait le vrai et le réel. En littérature, ça donnait des merdes, des choses comme Christine Angot, des saloperies de ce genre, et des cohortes de faiseurs plus ou moins habiles...