L.L. de Mars:  La bande dessinée, enfin, les dessinateurs de bandes dessinées, contaminés par cette espèce de fièvre de recherche de la petite poche de vérité qui se logerait illusoirement  (rires)... Dans l’autobiographie se sont engouffrés là-dedans... Donc on a d’une part ça, et logé dans ce dessin, ce que j’appelle le «dessin-vite», ce qui donne l’illusion qu’on touche à quelque chose de plus vrai et qui drague du côté des petites libertés graphiques de la modernité de la fin du XIXe siècle en peinture... Avec l’illusion du vrai donné par l’autobiographie, c’est-à-dire de part et d’autre de... Des emprunts, qui ne sont pas des emprunts de la bande dessinée à la bande dessinée, mais l’expression d’une servilité médiocrement renseignée sur les autres arts. Parle-moi un peu de tout ça. Elle est assez large, la question, hein...

S. Lumineau:  Déjà, moi pour moi l’autobiographie, c’est évidemment pas le vrai. Enfin, moi, pour moi, l’autobiographie ça reste quelque chose de... C’est comme n’importe quelle oeuvre, elle est bonne ou mauvaise, peu importe. Et je cherche pas à voir quelque chose de vrai dans les propos qui sont lus, quoi. Déjà, pour moi c’est pas ça l’autobiographie. On peut très bien mentir.

L.L. de Mars:  On peut, mais, c’est un signe, on signe le récit, tu vois, par un... Principe illusionniste qui est un contrat avec le lecteur... Ce que je dis, ce n’est pas que ce soit vrai. Je ne parle pas de mon adhésion éventuelle à une duperie, je ne crois pas du tout... ça n’est pas le problème de ce que je crois ou pas : ce que j’observe, c’est ce «je», cette voix autobiographique narrative, elle trace un contrat particulier avec le lecteur qui met dans une condition particulière que je trouve racoleuse et superstitieuse

S. Lumineau:  Moi je ne la trouve pas forcément racoleuse. Il y a pas mal d’ouvrages autobiographiques qui m’intéressent, en fait. Donc... Mais c’est vachement compliqué  (rires)... Toi (rires), tu te poses des questions (rires) que moi je ne me pose pas en fait... Ou... Moi, pour moi l’essentiel c’est de lire un bon livre, quoi. Après peu importe...