D'aussi loin que je me souvienne, où
que je me sois trouvé, dans n'importe quel milieu, peu importe
la fratrie, le mouvement, le fauteuil ou la religion, à n'importe
quel âge, ma présence était le produit d'une erreur
; j'attendais un souffle d'air frais, qui allait balayer mon corps avec
ce sentiment de gêne incompressible et me réexpédier
enfin dans le trou à rien qu'un quiproquo m'avait fait quitter
un instant.
Je ne parle pas de souffrance, pas même de malaise, mais d'absolue
incongruité. Une seule exception à ce sentiment d'importunité
: lorsque j'étais dans une salle de dissection.
Après un cours séjour à Rennes chez nous et une
petite baignade au lac où j'aime tant observer le vol des agrions
et le grouillement des larves noires de coléoptères, Philippe
Zunino m'a conduit là-bas, à la Station Mir, pas loin
de Caen, pour me permettre d'ajouter un épisode à mon
histoire personnelle du malentendu.
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